vendredi 25 mars 2016

Lettre particulièrement forte et émouvante de Gustave qui se confie à sa Maman sur sa vie, sur son comportement envers ses parents. Il reviendra dans une lettre suivante sur cette lettre parce qu’il pensait qu’il était aller trop loin dans les confidences, cette lettre reste pour nous très riche de par cette confession intime de Gustave.

« Aux armée le 20 mars 1916
Ma chère Maman
Il est 3H40 et je n’ai dormi qu’une heure cette nuit et je ne me recouche pas parce qu’a 5 h il faut que je réveille le colonel pour partir à environ une trentaine de kilomètres de là ou nous sommes. La brigade m’a réveillé à 11h20 et je m’étais couché à 10h15, je prends patience en espérant qu’un jour cela finira. Je trouvais le métier de colon dur, je suis content de mon sort, toi ainsi que le pauvre Papa que Dieu le repose, vous m’avez fait toutes mes volontés, je voulais aller à l’école de Berrouaghia pour avoir une bicyclette de là je voulais savoir ce que c’était que
l’école des Mousses, j’y suis allé, j’ai voulu revenir ça ne me plaisait plus, je suis revenu, je vous ai donné la main quelques temps et cette maudite guerre s’est déclarée. J’ai tiré sur le Kabyl, cela a couté 20 francs à pauvre Papa et j’ai dans l’idée que c’est ça qui l’a conduit à la tombe. Ensuite il ne restait plus que Cyrille et moi pour diriger les travaux. J’ai voulu m’engager, tu m’as signé le consentement en pleurant et malgré les larmes je suis parti et donc je n’ai pu te voir que : 2 fois à Alger et lorsque je suis allé en permission à la maison, et quand je partais pour le front, il a fallu que je me sauce pour vous dire au revoir. Tant que je ferai, jamais je ne pourrai rendre ce que vous m’avez fait et si c’était pas pour payer ma dette envers toi je croix que ma vie serait bien courte, je ne tarderais pas à rejoindre Papa, C’est pour toi que je pense et que je réfléchi chaque jour.
Si je sors sain et sauf de ce piège, eh bien je rattraperais les mancherons de la charrue mais le temps perdu ne se rattrape jamais. Je suis guéris de toutes mes illusions. Je suis assez
vieux pour ne plus commettre de bêtises de la manière que celles que je viens de commettre.
C’est le métier de Colon qu’il me faut, le métier de mes anciens et non les métiers que j’envisageais c’est des métiers pour des «brutes ». J’ai fait mon devoir envers la « Patrie » trois fois plus que je n’aurais dû faire envers toi, j’ai commis une faute que jusqu’à ma mort je ne me pardonnerais jamais.
Je termine ma lettre chère maman en t’embrassant bien fort ton fils pour la vie. Gustave Fortier.
« Conserve cette lettre et »
« garde la que pour toi »
J’ai gardé cette lettre 6 jours et j’ai marché pendant 4 jours dont le premier 35k, le 2eme 45k et le 3eme 30k, le 4eme 15k, cela fait près de 130k en 4 jours et maintenant on attend. »

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