samedi 3 septembre 2016

Lettre de Gustave à sa « chère sœur chérie » du 31 août 1916 Gustave s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de Cyrille, qu'il croit blessé, il évoque également sa "marraine de guerre".

« Secteur Postal 68 le 31-8-16
Ma chère sœur chérie
Je viens de recevoir ta lettre en même temps que celle de Melle Martinez. Tu me dis que Maman a écrit au ministre de la guerre, je crois que ce doit être au sujet de Cyrille, j’ai demandé de ses nouvelles a son capitaine qui ne tarderas pas à me renseigner mais pour moi il doit avoir été blessé et évacué, car le capitaine m’aurais déjà rendu réponse.
Il faut espérer que les battages nous donnerons bonne récolte et j’attends sur ta prochaine lettre avoir de bonnes nouvelles de Cyrille car cela m’inquiète beaucoup, ce serais malheureux qui moi depuis 14 mois qui traîne ma peau partout je n’ai rien et lui au bout d’un mois plus de nouvelles, je ne sais quoi penser, si il était prisonnier je serais tranquille car la guerre ne dureras plus longtemps qu’elle a durer, patience comme on dit (pas de nouvelles, bonnes nouvelles) il faut toujours espérer.
Sur sa carte Melle Henriette Martinez me demande si je la veux comme marraine mais la pauvre fille, elle ne sait peut être pas que j’ai une gentille Parisienne qui m’écrit et qui est très riche, enfin si il y a que ca pour lui faire plaisir je vais la contenter mais ne lui fais pas savoir que j’ai une Parisienne comme marraine autrement elle se désolerait; quand celle de Paris je peux te donner son nom « Clemence Lemarquis ». Puisque Melle Martinez tiens a être marraine je serais une fois de plus filleul. Tout ca est bien beau mais j’attends avec impatience le jour ou je serais auprès de vous tous, et les marraines je m’en moque c’est simplement pour que le temps de la guerre ne soit pas si long.
J’attends sur ta prochaine lettre des nouvelles de Cyrille car je ne sais plus quoi faire et les boches, gare à eux ils peuvent se sauver de devant qi ils ont fait une bêtise, j’y laisserai la peau, s’il le faut je te prie de croire que j’en descendrai pour lui et ma part car ces chameau là ils nous déclarent la guerre et ils nous font du mal, c’est a eux de se tenir au garde à vous, car ni blessés, ni estropiés, pas de Prisonniers…..
Je termine ma lettre en t ’embrassant bien fort ainsi qu’a toute la famille et Julie devrait m’écrire. Embrasse bien maman, Guiguitte, René pour moi, Ton frère qui pense à vous tous. Gustave Fortier.
PS : Si tu vois Julie demande lui la raison pour laquelle elle ne m’écrit pas, elle pense peut être a son mari mais comme moi la mauvaise"


L'expression « marraines de guerre » désigne les femmes ou les jeunes filles qui entretiennent des correspondances avec des soldats au front durant la Première Guerre mondiale afin de les soutenir moralement, psychologiquement voire affectivement. Il s'agissait souvent de soldats livrés à eux même, ayant par exemple perdu leur famille. La marraine de guerre faisait parvenir des lettres à son soldat mais pouvait également envoyer des colis, des cadeaux, des photographies. Les marraines de guerre voient le jour en janvier 1915
Il s’agit d’une œuvre de bienséance à l'initiative de catholiques conservateurs: donner aux soldats esseulés un soutien et une présence de substitution. En effet, ils sont de nombreux soldats à ne plus pouvoir écrire ni avoir de nouvelles de leur famille – et ce, notamment, parce que leur région est envahie par l’ennemi.
C’est pour ces hommes que Marguerite de Lens fonde, le 11 janvier 1915, la première association des marraines de guerre: La Famille du Soldat. En adressant lettres et colis, les marraines prennent ainsi le rôle de la mère ou de la sœur, et redonnent le moral aux «filleuls» infortunés. Et le moral, c’est bien connu: c’est bon pour les troupes et, donc, pour la guerre! Très vite, d’autres associations vont lui succéder, et de nombreux journaux vont, à leur tour, jouer les intermédiaires: L’Écho de Paris, L’Homme enchaîné, Le Journal, La Croix, etc

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