vendredi 25 septembre 2015

Lettre de Cyrille a sa maman « le 26 septembre 1915

« le 26 septembre 1915
Cher Maman
Je te rend réponse à ta lettre du 23 courant nous avons été piqué pour la typhoïde . Aujourd’hui Dimanche je crois que je sortirais, si tu à reçu mon costume, dit à Adolphe qu’il prenne patience si il la laisse elle serait malheureuse et dépêchez vous pour les battages, dis moi si il en reste beaucoup à battre , dit a Eugene qu’il fasse pour le mieux, dis moi si M Maziere il est rentré. Je lui écrirais à Edouard, je lui ai écrit à Gustave, je lui ai écrit deux fois, je n’ai rien reçu, je n’ai plus grand-chose à te dire, j’ai écrit à Julie le 25. Donne bien le bonjour chez Julot, je leur est envoyé une carte, ils m’ont pas répondu , Louis aussi pas de réponse, donne le bonjour à Eugène et embrasse bien René, Berthe et la Guiguitte pour moi, aujourd’hui j’irais trouver M Lachaise.
Un baiser de ton fils.
Fortier Cyrille »




Lettre de Cyrille a sa grande soeur « Le 25 septembre 1915

« Le 25 septembre 1915
Ma chère sœur
Je repond à ta carte du 21 courant je suis très content que Adolphe est venu en permission pour 15 jours, moi je prends le temps comme il vient car il nous font suivre le peloton des élèves caporaux mais moi je m’en fiche comme je ne veux pas venir dans les légumes il faut venir au militaires pour qu’est que ces la vie militaire on se leve à 3 ou 4 heures jusqu’à 8 heures corvée des patates puis la soupe à 10 heures, a 1 heure commence à 2 heures exercice mais au bout de mes classe faite je ne resterait pas au peloton du moment qu’il y a le commandant Rodet je ta cherait de m’embusquer, il ya Marcel qu’il est bien brave pour moi, enfin fait pour le mieux, embrasse bien toute la famille pour moi et surtout ne vous faite pas du mauvais sang pour moi car au régiment il faut prendre de la pasience et moi que j’en ai, je m’en fiche car tu me dit que la ville doit être jolie, je n’ai pas parcourue encore tous mais se que j’ai vue ces très beau demain nous allons à un enterrement d’un du peloton qu’il est mort d’un chaud et froid, je ne voit plus rien a te dire, envoyez moi la photo de Gustave pour allez trouver son parrain et sa marraine.
Je vous ai envoyé le coufin de mon costume. Enfin embrasse bien toute la famille pour moi. Fortier
Bonjour à Eugene et Messaoud
Cyrille »






Cette lettre est la première lettre de Cyrille, le grand frère de Gustave a sa sœur Julie. Cyrille est né le 23 aout 1895, donc incorporé normalement à 20 ans probablement début septembre 1915 au 3eme Régiment de Tirailleurs Algériens basé à Bône à l’est de l’Algérie. Cyrille maîtrise moins bien l'écriture, il n'est pas ou peu aller a l'école, Gustave est plus a l'aise sur l'écriture.

« Le 23 Septembre 1915
Ma chère sœur
Je rent reponse à ta lettre qu’elle m’a fait bien plaisir car je vous et envolier deux lettres et le coufin de mon costume et j’ai écris à Gustave je n’ai pas eu de reponse, encore sur une lettre je vous dissez de m’envollier la photo de Gustave car son parrain et sa marraine il tienne un magasin je n’ai pas voulu aller les trouver sans rien dans la main, la nouvelle de M Antoine Petit nous savons par Lucie Fremion qu’elle à écrit à Marcel le 21 septembre quand nous sortant je soit avec Marcel. Sur une lettre je vous disez que je suis tres bien pour la nourriture on est bien nourrit et comme exercice sa barde dur car il ont formé une caserne que pour les caporaux il nous oblige à suivre le peloton et comme commandant nous avons le capitaine Rodet un brave type comme je vous l’ai dit déjà de sur une lettre j’avais une veste trop grande il me l’a fait changer et nous avons un brave lieutenant et adjudant, enfin ne vous faite pas du mauvais sang pour moi mais je suis très content qu’Adolphe est venu pour quinze jours, je vous ecrit aujourd’hui le 23, enfin il est environ 6 heure du soir car dans la journée on na pas le temps, écrivez moi assez souvent, car c’est la seule distraction qu’on na.
Plus rien a vous dire, ton frère qu’il vous envoie un baiser de loin, Cyrille.
Bône est une très jolie ville mais beaucoup d’étranger »





25 septembre 1915 : Toujours des analyse sur la durée de la guerre en fonction des avancées ou des opérations vécues par Gustave, il garde l’idée que la guerre ne durera pas longtemps : « pour le moment au front si ca marche comme il y a quelques jours ca finiras dans 3 ou 4 mois et si non ca dureras jusqu’à la fin de l’année prochaine »

25 – 9 – 15
Chère Maman
J’ai reçu hier la lettre de Berthe en même temps qu’une lettre de Cyrille me disant que le métier ne lui plaisait pas, mais il est avec le Commandant Rodet et il doit être bien vu car ce ne doit pas être un mauvais type.
Il a vu mon parrain et ma marraine, je vais leur envoyer un porte plume fais avec des balles boches.
Je pense que le travail doit aller tout pour le mieux et Julie te fait des misères, mais vivement que la guerre finisse et que je retourne si dieu veut et alors ça marchera autrement.
Pour le moment au front si ça marche comme il y a quelques jours ça finiras dans 3 ou 4 mois et si non ça dureras jusqu’à la fin de l’année prochaine, quand à moi pour le moment je suis au repos en attendant l’ordre de départ, tu sais les hommes c’est comme des machines quand on dit marche, on marche et quand on dit alte on s’arrête.
Tu devrais faire les démarches pour toucher comme les autres si tu peux ce sera autant attrapé.
Je pense que les battages doivent bien s’avancer et Eugène doit faire son possible pour les finir car c’est autant pour lui que pour nous, il couche dehors mais la bas il ne doit pas faire encore bien froid, temps ici il pleut tout les jours et il gèle tout les matins.
Je termine ma lettre en vous embrassant à tous de bon cœur.
Ton fils pour la vie
Gustave Fortier »




Gustave évoque que sa maman peut toucher les allocations aux familles nécessiteuses dont le soutien serait appelé sous les drapeaux. « …Tu devrais faire les démarches pour toucher comme les autres si tu peux ce sera autant attrapé… »
La loi est adoptée le 4 aout 1914, le lendemain de la déclaration de la guerre.

23 septembre : Je t’écris pour te donner de mes nouvelles qui ne sont jamais mauvaises, je suis toujours en bonne santée et je pense que tu ne dois pas te faire du mauvais sang pour moi car c’est la destinée il ne faut pas t’inquiéter sur mon sort,

«Le 23 septembre 1915
Chère Maman
Je t’écris pour te donner de mes nouvelles qui ne sont jamais mauvaises, je suis toujours en bonne santée et je pense que tu ne dois pas te faire du mauvais sang pour moi car c’est la destinée il ne faut pas t’inquiéter sur mon sort, je sais que tu dois te faire du mauvais sang mais puisque Cyrille est toujours auprès de toi il ne faut pas espérer qu’il ne viendra au front et il devrait faire la demande pour les travaux d’automne a fin d’avoir 8 jours de permission et toi de voir de pouvoir toucher comme les autres , ce que tu pense toucher c’est autant car il y en a des plus riches que nous et ils touchent.
Demain je vais aux tranchées pour y passer 8 jours, je t’envoie un trefle à quatre feuilles que j’ai trouvé dans ce patelin de Belgique. Il ne faut pas croire que je me fais du mauvais sang que quelquefois je pense à la ferme mais ça me passe vite, tu vois que ma classe va rentrer au mois d’octobre et elle viendras au front au printemps, c’est à Cyrille de faire intention et de tacher moyen de l’embusqué dans n’importe quelle embusque, s’il pouvait rentrer aux trains des équipages car c’est une bonne embusque au front car ils ne vont pas en première ligne et les tirailleurs les zouaves tout l’infanterie tire la langue mais les bons corps c’est les artilleurs les tringlots les infirmiers dis a Cyrille s’il peut changer de corps qu’il le fasse.
Hier soir j’ai soupé avec Gabriel Tardat à la popote des sous officiers.
Mademoiselle Casalta est mariée, elle s’appelle madame Vautrin, institutrice Berroughia, j’ai reçu une carte d’elle hier en même temps qu’une de Louis il me dis toujours qu’il n’a pas des nouvelles de Lucien
Je suis toujours avec Maurice Boinot, je ne vois plus grand-chose à te dire que d’embrasser bien Berthe, Julie, René et Guiguitte pour moi et mes meilleurs amitiés à monsieur Eugene et le bonjour à tous les ouvriers de la ferme pour moi, ton fils pour la vie
Gustave Fortier
P.S. ce soir je vais me faire photographier et je les enverrais dans 8 jours aussitôt que je remonterai des tranchées, tu les recevras dans une vingtaine de jours»




Le terme "tringlot" utilisé par Gustave désigne le soldat de l'arme du train. L'origine de ce terme est à rapprocher de la tringle, mousqueton de cavalerie utilisé par cette arme sous le premier empire :
"La tringle", (vue a gauche) mousqueton de cavalerie de 17,1 mm modèle 1816 à 1822, arme type du Premier Empire particulièrement adapté aux trains des équipages, a donner un surnom aux charretiers transformés en soldats, les tringlots.
Il s'agit d'un mousqueton doté sur sa face interne d'une tige métallique, la tringle, courant le long de la crosse et du canon. Cette tringle coulisse dans deux anneaux fixés à la bandoulière, permettant au soldat de porter le mousqueton la crosse en l'air et de s’en saisir rapidement sans lâcher les rênes.

samedi 5 septembre 2015

« j’ai été pris dans un appareil de cinéma et peut être qu’après la guerre je me reverrai dans le cinéma car c’est un homme qui est venu prendre le poste du colonel étant au repos »


« Chers parents

Je vous fait une deuxième lettre pour que vous ne soyez pas inquiets, je me porte très bien et je pense que ma lettre vous trouve de même.

Marcel Sellier m’a écris , j’ai été content de recevoir des nouvelles des amis, quand vous ne recevez pas des lettre de moi c’est que je n’ai pas eu le temps mais ce n’est pas souvent que cela arrive car presque à tous les postes on a le temps d’écrire, il y a que le poste du colonel qu’on a pas le temps c’est pour ça que si vous n’avez pas reçu des nouvelles de moi pendant 4 ou 5 jours c’est que j’étais de garde. j’ai été pris dans un appareil de cinéma et peut être qu’après la guerre je me reverrai dans le cinéma car c’est un homme qui est venu prendre le poste du colonel étant au repos.

Maman il ne faut pas qu’elle se fasse du mauvais sang et il faut espérer que cette guerre finira vite et que je reviendrai travailler à la maison plus gaie et plus content qu’auparavant , me voila avec 6 mois de service ce qui me compte un an et je conterai la guerre c’est très beau pour quelqu’un qui ne l’a jamais vu, je suis très content ce qui m’embête le plus c’est que je sais que vous vous faites du mauvais sang pour moi et que je ne m’en fait pas.

Je termine ma lettre en vous embrassant de grand cœur à tous ainsi que Mr Eugene.

Gustave »




26 aout 1915 ; Gustave nous dit être en ligne, le JMO nous indique que le 1er Tirailleurs relève … le 290e d’infanterie le 23 aout, ils seront relevé le 1er septembre par le 3eme mixte de Zouaves et Tirailleurs. Gustave relativise toujours le danger mais sur cette nouvelle période il y aura 6 tués et 30 blessés. Les blessures sont par balles, éclats d’obus ou bombe, comme le décrit Gustave sur les fusillades, les « marmites » et autres munitions qu’il subit.

« Le 26 aout 1915
Ma chère Maman
Pour ne pas te laisser dans l’inquiétude je te fais cette petite lettre qui te tranquillisera sur mon sort. Je suis toujours en parfaite santée et j’espère que la présente te trouvera de même à son arrivée ainsi que toute la famille.
Je suis en ligne en ce moment mais ne te fais pas de mauvais sang, j’ai toujours passé au travers et j’espère continuer jusqu’au bout, avec la confiance de Dieu.
Je ne suis plus au téléphone et je ne suis pas plus mal pour ça, je fais cinq heures de travail la nuit et le restant de la journée je ne fais rien, que de dormir boir et manger.
As-tu des nouvelles de chez Perrailt car il y a longtemps que j’ai écris et pas de réponses et chez Carvin aussi.
Les battages doivent etre avancés et même tirer a leur fin, la récolte en général est belle n’est ce pas? Espérons que Dieu nous accompagnera jusqu’à la fin de cette maudite guerre.
A Bir Rabalou que dit on de cette guerre? Ça va bientôt finir ou non? Quand à moi j’attends ma permission pour janvier 1919 et delà qui vivra verra. Monsieur Manot est toujours aussi patriote ainsi que Mr Servel, ils ont raison car celui qui n’a pas vu la guerre n’a rien vu.
Pour aujourd’hui je termine ma présente en t’embrassant bien affectueusement ainsi que toute la famille, ton fils.
Gustave »