samedi 27 juin 2015

Enfin en France! Gustave ne croyait pas si bien dire dans sa dernière lettre! Il débarque à Marseille le 26 juin 1915 à 5h du matin. Ils sont accueillis en héros sur le chemin d'Aix.

« Aix le 27 juin 1915 Chers parents
Je suis arrivé hier soir à 11h du soir à Aix, nous avons eu une très bonne mer et on est arrivé à 5h à Marseille et à 7h on a pris le train pour Aix, il fallait voir comme on a été reçu à Marseille, tout le long de la route on nous applaudissait jusqu’à la gare, c’était plein de monde sur les trottoirs et aux fenêtres.
A Aix depuis la gare jusque la caserne ou nous éclairait avec des feux d’artifices et des feux de Bengale.
Ce soir on va nous changer le costume et on ne sait pas quand on nous enverra sur le front.
Je pense que ma lettre vous trouve en bonne santé, je me porte à merveille.
Un gros baiser à tous
Gustave Fortier
1er tirailleur 2eme compagnie Dépôt Aix»











Dès les premiers jours de la mobilisation générale tous les navires disponibles effectuèrent des transports intensifs de troupes et de matériels d’Afrique du Nord avec une rapidité remarquable. Puis les Allemands déclarèrent la guerre sous marine à outrance et l’hécatombe commença, « l’Algérien » fut le premier navire coulé le 24 novembre 1915. (Gustave évoquera cette situation plus tard a l’occasion d’une permission espérée).
« ce soir on va nous changer le costume »
voir en 1914 ci-dessus puis plus tard en 1915, le Casque Adrian, du nom de l’intendant qui l’a créé, casque en tôle d’acier de couleur bleutée sera distribué à partir de septembre 1915 aux fantassins français. Il existait en trois tailles et était distribué dans les gares régulatrices aux détachements qui quittaient les dépôts.

samedi 6 juin 2015

7 juin 1915, Bientôt le départ! "Je pense de pas moisir ici à Blida car je suis à ne rien faire tant qu’en France on a besoin de monde"

« Blida le 7 juin 1915
Cher parents
J’ai écris hier à Julie et aujourd’hui j’ai reçu votre lettre qui m’a fait bien plaisir avec la photo d’Adolphe, il est bien heureux d’être en France et aux hôpitaux il doit être heureux car il est bien soigné.
Je pense de pas moisir ici à Blida car je suis à ne rien faire tant qu’en France on a besoin de monde, il y a mon lieutenant qui est parti et mon adjudant qui part mercredi et que j’aurais voulut partir avec lui car c’est un bon chef.
J’aime mieux partir comme 2eme classe plutôt que caporal et une fois en France je demanderai à aller avec Adolphe et Alphonse aux zouaves car les tirailleurs ils ont peureux et presque tous les français se font percer la peau a cause de ces arabes quand je serais abillé pour aller en France je vous enverrai une dépêche pour que vous veniez me voir à Alger mais il ne faut pas croire que c’est demain ou après demain que je part, ce seras peut être dans un mois ou un mois et demi et d’ici là il y a de l’eau qui passe sous les ponts.
Un gros baiser à tous; fils et frere pour la vie
Gustave fortier
Bien le bonjour à tous ceux aui parleront de moi, faites moi savoir si on a répondu à Cyrille pour les Spahis si on ne le lui a pas répondu qu’il demande aux tirailleur mieux que les Zouaves, j’ai toujours le courage que j’avais il faut esperer que dans un mois je serai en France.
Bien le bonjour à Naoui, Brahim, Chigui, Messaoud, Rabah, Bel Abes et les ouvriers de la ferme que je ne me rappel plus de leurs noms »

Gustave évoque son départ imminent en France « je pense de pas moisir ici à Blida ». Il évoque les différents régiments, il préférerait les Zouaves « car les tirailleurs ils sont peureux … ». Il en parle aussi pour Cyrille qui doit être enrôlé, il aurait demandé les Spahis, mais par défaut il lui conseille les tirailleurs (s’il reste en Algérie!) , mais au front il vaut mieux les Zouaves.
Gustave est motivé « j’ai toujours le courage » Nous ne savons pas si Cyrille avait demandé les spahis, en final il sera incorporé au 3eme régiment de tirailleurs Algériens basé à Bône et Gustave restera au 1er régiment de tirailleurs Algériens donc basé à Blida.
Spahi est un mot d’origine turque, (mot provenant du persan سپاهی  sipâhi signifiant « soldat » qui nous a aussi donné cipaye ou sepoy)
 dont la traduction la plus acceptée est celle de « cavaliers ». Le mot, déformé par la prononciation française, devient Spahi.
Sur « l’analyse » de Gustave sur les différents régiments, ses avis sont directs : pour le front il préfère les zouaves. Les pertes sur le front
seront bien supérieures chez les Zouaves que chez les Tirailleurs
 Ces unités (Zouaves) à recrutement   majoritairement indigène (70-90 % selon les   époques sont en final exclusivement réservé aux français) venues d'Algérie française et du   Protectorat Français de Tunisie ont existé de   1842 à 1964.
  Il se distinguent particulièrement lors de la 1ere   guerre mondiale, au cours de laquelle les 14   régiments ayant combattu obtiennent 55 citations   à l'ordre de l'Armée, 4 régiments recevant la   fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur,   Les régiments de tirailleurs algériens et tunisiens   sont avec les Zouaves parmi les plus décorés de   l'armée française.