dimanche 22 novembre 2015

« ..Ca commence a tirer sa fin car aussi bien d’un coté que de l’autre on a mar de cette guerre… »

 « Chère Maman 
Je t’écris de Warem dans le dept du Nord, je suis a 10k de Belgique mais je ne suis pas sur de rester dans le nord car au régiment on ne sait jamais rien. J’ai recu les 10 francs que tu m’a envoyé tant que j’était à Salon mais en voyage l’argent s’en vas vite surtout que dans les buffet ils font payer cher et surtout en voyage on nous donne du pain sec il faut s’acheter le reste mais que veux tu il faut espérer que ça finira un jour ou l’autre. C’est malheureux de faire ce service militaire car on dépense de l’argent et on en gagne point mais puisqu’il faut la faire quand même, je ne regrette pas de mettre engagé comme ca je sortirai jeune et je pourrai regagner ce que j’ai dépensé au régiment. Tu serais bien aimable de marquer sur un livre tout ce que tu m’envoie car je n’ose plus te demander des sous malgré que j’en ai un peu besoin, je ne te demande pas d’argent mais si tu peux m’en envoyé sans te priver ni priver Cyrille car il doit en avoir besoin lui aussi. Je voudrais que cette malheureuse guerre finisse vite pour retourner travailler a la maison et gagner ce que je dépense en ce moment. Julie doit te donner la main pour travailler. Heureusement qu’on va toucher 5 sous par jour, ca me feras 2f50 par 10 jours. Je pense que les travaux doivent bien marcher et tu as du commencer les labours et semé tant que tu pourras car les blé se vend toujours et il faut espérer que je serais là bas pour les battages de l’année prochaine. Ca commence a tirer sa fin car aussi bien d’un coté que de l’autre on a mar de cette guerre. 
Je pense que ma lettre vous trouve en bonne santé.
Je t’embrasse ainsi que toute la famille; ton fils. 
Gustave »




mardi 17 novembre 2015

"...je t’assure que je n’ai peur de rien ni des balles ni des obus ni même la mitrailleuse et il y a les bombes qui effraye un peu parce qu’on les voit venir.... mais les boches ne m’ont pas eu ils ne m’auront pas encore ils ont pas assez malin pour m’avoir...je suis un des plus jeune du régiment et pas peureux comme il y en a qui tremblent devant les boches sans même les voir..."

«18 novembre 1915
Chère Maman
Je t’écris encore aujourd’hui pour passer le temps je me porte toujours a merveille.
Enfin je pense que vers la fin de janvier ou au commencement de février j’irai vous voir, c’est long mais avec le temps et la patience on arrive a tout, tu as du commencer les labours et Cyrille doit être a la maison depuis longtemps car il m’a écrit qu’il partait pour 15 jours tant mieux comme ca il feras commencer les labours.
Eugene doit s’occuper et la nuit il doit se lever car les voleurs doivent tourner ils ont de la chance que je ne suis pas autrement j’en salerais quelques uns à présent je sais garder quand on fait la guerre on s’habitue à tout, quand on voit la mort on y va dessus rien ne me fait peur je t’assure que je n’ai peur de rien ni des balles ni des obus ni même la mitrailleuse et il y a les bombes qui effraye un peu parce qu’on les voit venir.
Il ne faut pas te faire du mauvais sang car la vie est entre les mains de dieu si on doit revenir on reviendras si on doit rester on restera pas plus que ca mais les boches ne m’ont pas eu ils ne m’auront pas encore ils ont pas assez malin pour m’avoir.
..Comme je te le disait quand j’étais à la maison et ca me tarde pour que je vous raconte ce que j’ai fais et tu as le droit d’être fier de moi car je suis un des plus jeune du régiment et pas peureux comme il y en a qui tremblent devant les boches sans même les voir quand à moi puisque le marabout de Sidi Sissa à dit que je reviendrais je m’en fou du reste.
Pour le moment ils sont chez nous mais il faut espérer que nous les auront quand même et je pense aller voir l’Allemagne ils faiblissent et nous augmentons de force et je pense que l’année prochaine à ce moment ci, la guerre sera fini et la victoire seras à nous.
Je termine ma lettre en vous souhaitant d’etre en bonne santé aussi bien que moi. Je t’embrasse et embrasse la famille pour moi, ton fils
Gustave Fortier»




«17 novembre 1915 Chère Maman J’ai reçu la carte que monsieur Eugene m’a envoyé et qui est bien belle, je vais te dire la vie que je mène en ce moment. je suis en subsistance au 2eme Bataillon quand à la nourriture elle laisse a désirer mais pour travail je ne fais absolument rien de toute la journée je suis dans une chambre voisine du bureau du commandant et on est 4 a prendre la garde pour le téléphone et que 2 suffiraient pour le travail qu’on a a faire, quand il pleut , on ramasse du bois chez les uns et les autres, tu sais ce que c’est les soldats et on fait un bon feu on se chauffe de toute la journée. Je te dirais qu’il fait un peu froid mais quand je suis devant le feu je me figure a la maison et on se raconte des uns aux autres des histoires et on parle de chez soi mais ne te fait pas du mauvais sang je voudrais que tu me vois Dans le nord il gèle beaucoup et il y a beaucoup de gibier mais c’est défendu de chasser il y a des moulins à vent avec leurs grandes ailes, ils te font peur quand ils tournent. Les habitants font leur cuisine tout au charbon de terre, ils labourent avec 2 chevaux mais il n’y a pas beaucoup d’arbres et de verdures comme dans le midi et les maisons sont couvertes une grande partie avec du chaume et le toit est raide a cause de la neige et les murs ils sont bas, la plus haute maison a deux étages. enfin pour le moment on ne parle pas de nous envoyer aux tranchées car les troupes d’afrique craignent le froid mais on ne peut pas dire, un coup de trafalgar et on irais vite. Je ne vois plus grand-chose à te dire pour le moment que je suis en bonne santée et je souhaite que ma lettre vous trouve a tous de même. Je t’embrasse et embrasse toute la famille pour moi, ton fils Gustave Fortier Bonjour aux amis et je pense que peut être dans deux mois j’irai vous voir»




«16 Novembre 1915 Chère Maman J’ai reçu la lettre sur laquelle tu me dis que tu as acheté les bœufs et la carte que tu m’as envoyée de Bouira mais tu sais j’ai a te dire que tu ne devrais pas rester sans manger comme tu me l’a dis sur la carte qu’il est 3h de l’après midi et que tu n’avais pas encore déjeuné, ca va bien les affaires mais la santé avant tout il ne faut pas parce que je ne suis pas ni Cyrille non plus te passer de nourriture pour les affaires.. Aujourd’hui dimanche 14 novembre je suis aller a la messe de Bergues et chaque fois que je peux aller a la messe là ou je suis j’y vais tu me dis que tu vas m’envoyer mon paletot de cuir, ça me serviras pour l’hiver car je ne pense pas que les troupes d’afrique on les fasses aller en tranchée parceque le nord n’est plus comme l’algérie quand aux chaussette on en a et moi qui était de corvée à l’habillement à Salon je m’en suis procuré. Je pense que tu a du commencer les labours, il faut enfin esperer que peut etre j’irai en permission vers le mois de janvier ou février. Il ne faut pas te faire du mauvais sang car pour le moment je ne suis pas en danger, j’ai dis à Cyrille si il vient au front qu’il vienne avec moi au 1er Tirailleurs. J’ai reçu tout l’argent que tu m’as envoyée les 10 francs les cinq francs de Julie et hier j’ai été toucher les 20 francs que tu m’as envoyée en mandat carte. J’espère que ma lettre vous trouve à tous en bonne santé. Je vous embrasse à tous de bon cœur, ton fils Gustave Fortier»








vendredi 13 novembre 2015

13 novembre : "....je suis a Bergues, je suis heureux comme téléphoniste je n’ai presque rien à faire.... mais voila bientôt un an de fait ce qui me fait 2 ans de service en comptant la durée double, enfin avec le temps et la patience on arrive à tout...."

"Chère Maman 13 novembre 1915
J’ai reçu hier les 20 francs que tu m’as envoyée par mandat carte , je t’ai envoyé une lettre hier mais pour le moment j’en ai assez.
Ecris moi et dis à Julie de m’écrire ce qui me ferais plaisir et dis aussi à Julot de me donner de ses nouvelles.
Je suis à Bergues je suis heureux comme téléphoniste je n’ai presque rien à faire si Cyrille part pour le front tu me feras savoir mais à mon idée je pense pas qu’il parte cette hiver.
Je te remercie des 20 fr que tu m’as envoyé, avec ça je pense attendre quelques jours car ce voyage à Salon m’as fait dépenser de l’argent car dans le train on nous a donné que du pain et quand on arrive dans un village au bout de 3 mois de tranchées, quand aux permission je ne compte pas y aller de sitot, mais je voudrais bien vous voir à tous car voila quelques jours que je ne vous ai pas vue, je pense que tu as du voir le marabout, Ben Armourih.
Je voudrais bien être auprès de toi pour te faire les labours mais voila bientôt un ans de fait ce qui me fait 2 ans de service en comptant la durée double, enfin avec le temps et la patience on arrive à tout.
Je t’embrasse de tout cœur ainsi que toute la famille
Ton fils qui pense qu’a toi
Gustave Fortier »



5 novembre 1915 : C'est l'anniversaire de Gustave, il a 18 ans! Toujours a Salon; le 2 novembre il pense toujours partir en Serbie; finalement il repart pour le Nord de la France le 5 novembre et arrive après 3 jours de voyage à Bergues.


2 novembre 1915 : " .....je crois que le départ pour la Serbie s’avance, je suis content de quitter la ville pour aller à la guerre..."

Salon le 2 novembre 1915
Chère Maman
Je t’écris en même temps qu’a Julie et Berthe, je pense que tu recevra ma lettre pour le moment je suis toujours à Salon mais je crois que je ne vais pas rester longtemps ici.
………….pas me cacher si il y ………………….embête des gens de Bir Rabalou …………….car je les retiendrai en tète et ……………on seras deux. Je pense qu’Eugene …… guérit et il doit travailler. Les labours vont commencer et fais travailler le plus possible, je vois que cette année, tu as pas eu mauvaise récolte et si l’année prochaine il y en a autant on peut se sauver la mise, je pense que tu as reçu mes photos, je crois que le départ pour la Serbie s’avance, je suis content de quitter la ville pour aller à la guerre et que ça finisse et de suite je vais déjeuner il est 11 heure et ¼.
Ne te fais pas du mauvais sang pour moi, je t’embrasse.
Ton fils
Gustave Fortier »



dimanche 1 novembre 2015

Lettre du 1er novembre 1915, Gustave n'a pas le moral : "....Je voudrais que cette guerre finisse vite et qu’on me fiche à la porte du régiment car on dit pas souvent de vous mettre à la porte. .......Julie et Berthe elles doivent faire leurs devoir envers toi comme moi je le fais envers la France malgré qu’il y en a qui ne le font pas je suis Français j’aime ma patrie et je me suis engagé ne croyant pas qu’il y avait tant de tire au flanc..."

« Salon le 1er Novembre 1915
Chère Maman
Je t’écris pour te donner de mes nouvelles qui ne sont jusqu’aujourd’hui pas mauvaises, je suis à Salon depuis quelques jours déjà, je vais au cinéma et à la messe le dimanche, aujourd’hui il pleuvait c’est la toussaint et demain la fête des morts, je voudrais bien être au pays pour aller faire un tour sur les tombes de nos anciens parents qui reposent en paix.
Voila le mois de Novembre l’hiver s’approche mais pour le moment je ne sais pas ou l’on va m’envoyer, peut etre en Serbie, c’est ce que je voudrais car il fait un froid vif mais pas comme en Belgique qu’il pleut toujours, quand au linge chaud je vais te dire ce qu’on nous a donner il y a quelques jours depuis que je suis arriver à Salon :
Chemises 3 Calecons 3 Chandaille 1
Passe montagne 1 Gants 2p Gilet de laine 1
Chaussette 2p Cache nez 1
Plus le linge que j’ai encore celui que tu m’as envoyé par Maurice.
Flanelles 4 Chaussette 4p Mouchoirs 4
Tu vois qu’en linge je suis monté, j’ai presque mon trousseau il manque les meubles mais comme meuble j’ai mon sac ma cartouchière et mes appareils téléphoniques. Je suis bientôt aussi monté que Julie était avant de se marier.
Madame Boineau m’a écrit, elle me dit que son fils ne lui écrit pas mais je lui ai fait une dépêche pour qu’elle lui envoi des sous.
Lorsque je saurais ou je vais-je t’enverrai une dépêche et si je vais dans un pays froid , je te demanderais de m’envoyer mon paleto de cuir parce que d’ici que je retourne, les rats ou les mittes le rongerais et comme je sais que ça te ferais plaisir de m’envoyer quelque chose alors je te demande ça, mais pour le moment je n’ai besoin de rien.
Je voudrais que cette guerre finisse vite et qu’on me fiche à la porte du régiment car on dit pas souvent de vous mettre à la porte.
Le travail doit aller pour le mieux et Eugene doit s’occuper un peu, quand à Julie et Berthe elles doivent faire leurs devoir envers toi comme moi je le fais envers la France malgré qu’il y en a qui ne le font pas je suis Français j’aime ma patrie et je me suis engagé ne croyant pas qu’il y avait tant de tire au flanc.
Tu me dis que Cyrille barde mais il faut espérer qu’il sera libéré en même temps que sa classe et il sera âgé a savoir ce qu’il a a faire il pourra disposer de sa vie et se marier quand à moi si je sort de la guerre je ne t’abandonnerais jamais je vis que pour toi.
Ne te fais pas du mauvais sang et Embrasse bien toute la famille pour moi et donne bien le bonjour aux amis.
Ton fils
Gustave Fortier
Donne le bonjour aux ouvriers »