dimanche 26 juillet 2015

Gustave, a dans sa lettre du 24 juillet une attention pour tous ses frères et sœurs. Il rassure son frère Cyrille sur la guerre. « on est à la guerre mais c’est absolument rien.. » Il est fier de sa petite sœur Berthe «je suis content de toi et des bonnes idées que tu as ça m’a fait un très grand plaisir » Il n’oublie pas son autre petite sœur « Guiguitte » Son dernier mot est pour René « tu es un enfant amuse toi avant de grandir.. »

Cyrille
« Cher frère
Je t’écris ces quelques mots pour te faire savoir de mes nouvelles, je suis au repos comme j’ai dit sur l’autre lettre, on dis la guerre mais c’est absolument rien, il y a que le temps qui nous embête un peu.

Mais les marmittes et tout le diable a quatre, on en prend l’abitude et à la fin on s’en fou, on se fait pas de mauvais sang, on ris, le vrai mot c’est de dire que au téléphone on est des antibilleux.
René et Berthe

Chère Berthe
Guiguitte
Je pense que tu dois donner la main à maman que tu es une petite demoiselle, tu ne dois plus t’amuser comme une enfant, tu dois faire entention à Guiguitte, le mot que tu m’a écris l’autre jour, j’étais très content de toi et des bonnes idées que tu as, ça m’a fait un très grand plaisir.
Cher René
Je ne peux pas t’en dire aussi long qu’a Cyrille ou bien qu’a Berthe, car tu es un enfant, amuse toi en attendant de grandir et de donner la main à ceux qui travaille pour toi.
Si vous voyez comme je travaille, il y a mon appareil à coté de moi et du matin au soir je suis couché à moins qu’on sonne et alors je me lève et je reçois l’ordre qu’on me donne.
Je vous embrasse à tous, embrassez Guiguitte pour moi.
Gustave Fortier »




dimanche 19 juillet 2015

Le 19 juillet 1915 Chers parents Je vous écris une lettre pour vous faire savoir de mes nouvelles, je me porte bien et on mange comme il faut, pas beaucoup de travail, bien couché, il y a personne de plus heureux que nous....Pourvu qu’on appelle pas Cyrille qu’après les battages et qu’il vienne pas à la guerre qu’elle finiras bientôt, on dit qu’au mois de décembre ça sera fini.

« Le 19 juillet 1915
Chers parents
Je vous écris une lettre pour vous faire savoir de mes nouvelles, je me porte bien et on mange comme il faut, pas beaucoup de travail, bien couché,  il y a personne de plus heureux que nous d’ailleurs vous pourrez vous en assurer dans quelques
jours auprès du fils Boinneauil va aller en permission, je suis avec lui au téléphone, j’ai reçu la photo des enfants de Julot,
je n’ai pas compris ce que tu a voulut me dire du fils Servel.
Je pense que les récoltes doivent avancer et que vous ne tarderez pas a finir les moisson. Pourvu qu’on appelle pas Cyrille
qu’après les battages et qu’il vienne pas à la guerre qu’elle finiras bientôt, on dit qu’au mois de décembre ça sera fini, on a un pianos et je vous écris au son du piano, comme le grand monde, on ne se fait pas un brin de mauvais sang comme si on été à la fête, envoyez moi du papier à lettre et sur l’enveloppe tu mettras ton adresse à l’encre car au crayon ça s’efface, je pense que ma lettre  vous trouve à tous en bonne santée.
Je vous embrasse tous

Gustave Fortier »

jeudi 16 juillet 2015

16 juillet 1915 Gustave prends avec philosophie sa situation « je mange très bien on est comme des rois» « il n’y a personne de plus heureux que nous »

« Belgique le 16 juillet 1915
Chers parents
Je vous écris pour vous faire savoir de mes nouvelles qui sont toujours bonnes, je suis avec le fils Boinneau qui a été à l’école avec Cyrille, il ne tardera pas a aller en permission, je lui dirai d’aller vous voir à la maison, je lui donnerai une commission pour qui vous la donne, je mange très bien, on est comme des rois.
La lettre que Berthe m’a mis dans la tienne ma fait plaisir et vous dirais à Geneviève qu’elle m’écrive ainsi qu’a Julot.
Je n’ai pas grand-chose à vous dire car je suis en arrière lignes, on risque un peu avec les marmittes mais on n’y fait plus attention, on est comme à la fête, il faut espérer
que l’on sera vainqueur.
Donnez le bonjour à Mr Eugene;
Messaoud et à tout ceux que je connais.
Je vous embrasse à tous.

G Fortier »

mardi 14 juillet 2015

Mercredi 14 juillet 1915 Chers parents Aujourd’hui 14 juillet et vous ne vous douteriez la belle journée que j’ai passé et hier soir retraite au flambeau avec les 105 boche qui était servis par nos 120; vous pensée la belle tirée et entre l’artillerie ennemi et nos avions ils se disaient bonjour avec des marmittes pas trop cuite.

« Mercredi 14 juillet 1915
Chers parents
Aujourd’hui 14 juillet et vous ne vous douteriez la belle journée que j’ai passé et hier soir retraite au flambeau avec les 105 boche qui était servis par nos 120; vous pensée la belle tirée et entre l’artillerie ennemi et nos avions ils se disaient bonjour avec des marmittes pas trop cuite.
Pour le moment il y a pas a craindre, je fais la guerre sans cartouche et les boches ne font pas attention à ça ils envoient des marmittes pour mon compte comme les autres, en ce moment ci il pleut et je suis sous ma villa, la villa qu’on a surnommée « villa des jeux » et mon poste c’est les poste des « bien balancés ». Aujourd’hui toute la journée il y avait un artilleur qui nous a joué du piano qu’on a ramassé dans une ferme a coté a environ 100 de là ou je suis.
Je vous embrasse à tous

Gustave Fortier

Aujourd'hui 14 juillet, j'ai trouvé un culot de strapnell avec mais initiale au fond GF »

Le terme « Marmite » est utilisé pour les obus de gros calibre,Gustave garde son humour «ils se disaient bonjour avec des
marmites pas trop cuite »

« ..Il y avait un artilleur qui nous a joué du piano.. »


dimanche 12 juillet 2015

12 juillet : après demain je part aux tranchées comme téléphoniste, c’est une bonne embusque

« 12 juillet, Cher parents
Aujourd’hui dimanche je vous écris je pense que toutes mes lettres vous les avait reçu, après demain je part aux tranchées comme téléphoniste, c’est une bonne embusque, je vous demande l’adresse de Julien car Gabriel Tardat chaque fois que je vai le voir il me demande son adresse et je voudrais savoir l’adresse d’Adolphe car s’il est prêt de moi je pourrais aller le voir ou bien demander a aller avec lui aux zouaves, a la prochaine lettre j’attend l’adresse d’Adolphe surtout ne vous faites pas de mauvais sang pour moi dites moi si Cyrille est parti.
Bien le bonjour à monsieur Eugene ainsi qu’a ceux qui parlent de moi.

Gustave Fortier  1er tirailleur de marche secteur postal 68 Cie hors rang Téléphoniste »
Quand Gustave dit « Je part aux tranchées comme téléphoniste c’est une bonne embusque » Cela reste donc tout relatif au vues des pertes, voir dans le JMO ci contre sur 181 « fusils » (quand même 3 tués et 6 blessés).





A a peine 17 ans il a déjà « vécu et je commence a savoir ce que c’est la vie de l’homme et il ne faudra pas l’on m’embête….on voit la mort quelques fois bien prêt mais ca ne fait rien on n’est pas des Fortier pour rien.. »

« 9 - 7 – 15
Chère Maman
Je t’écris pour te donner de mes nouvelles, je me porte toujours bien et je pense que ma présente vous trouve à tous de même.
Il est 9 heures 20 je suis de garde au poste et je profite pour écrire car dans le jour on a du travail par-dessus la tête. Tu me dis que Cyrille est versé à Bône aux tirailleurs je suis content car il pourra toujours avoir une embusque et s’il vient au front il ne viendra qu’après l’hiver ce ne seras que l’occupation du territoire ennemi par les troupes alliées. Je pense qu’il tacheras de voir mon parrain et ma marraine, je leur ai écrit ils ne m’ont pas répondu.
La tante Anna m’a envoyé 5F00 je vais lui envoyer quelques bagues pour lui faire plaisir.
Je désire que tu me dise si le blé nous a rapporté beaucoup et de combien il nous as rendu et a combien tu as traité.
Les voleurs doivent tourner mais si dieu veut que je retourne, je pense que j’en descendrai quelques uns car j’ai vécu et je commence a savoir ce que c’est que la vie de l’homme et il ne faudras pas que l’on m’embête aussi bien du plus gros jusqu’au plus petit parceque on voir la mort quelque fois bien prêt mais ça ne fais rien, nous ne sommes pas des fortier pour rien, je vois à présent que ce que le pauvre papa me disait que c’est vrai et je voudrais qu’il soit encore en vie pour lui raconter les trucs de la guerre, je sais que ça lui ferait bien plaisir.
C’est la destinée
Je pense que le travail doit bien marcher et que les ouvriers ne doivent pas te faire du mauvais sang.
Monsieur Eugene doit faire de son mieux, c’est lui le patron j’ai reçu sa carte qui m’a fait bien plaisir de voir qu’il ne vous abandonne pas.
Je termine ma lettre en vous embrassant à tous, Ton fils pour la vie.

Gustave Fortier »
« ….tu me dis que Cyrille est versé à Bône aux Tirailleurs »
Cyrille est en effet au 3eme Régiment de Tirailleurs Algériens basé à Bône à l’est de l’Algérie. Vers fin aout 1915, il est né le 23 aout 1895, donc incorporé normalement à 20 ans. Sa 1ere lettre sera daté du 26 septembre 1915.
Cyrille Fortier, frère de Gustave
A a peine 17 ans il a déjà « vécu et je commence a savoir ce que c’est la vie de l’homme et il ne faudra pas l’on m’embête….on voit la mort quelques fois bien prêt mais ca ne fait rien on n’est pas des Fortier pour rien.. » Il évoque son pauvre Papa perdu a peine 1 an plus tôt a qui il aurait aimé lui raconter « les trucs de la guerre.. »
Gabriel Fortier, père de Gustave
Gustave s’inquiète des récoltes et du prix du blé « les voleurs tournent ». Le prix du blé libre auparavant sera réglementé avec la guerre, plusieurs loi vont fixer également le prix maximum des denrée a base de céréales.
Les Céréales : Le Maghreb a toujours cultivé des céréales, blés durs, qui ont toujours donné aux indigènes la semoule, base de leur alimentation; orge, qui donne aussi du pain et qui, dans l'alimentation des chevaux, remplace l'avoine de chez nous; pour mémoire, dans certains coins; la Kabylie par exemple, le sorgho (bechna).
La colonisation a introduit des céréales nouvelles, le blé tendre par exemple, l'avoine, le maïs, mais ces céréales nouvelles restent subordonnées. Elles n'ont pas détrôné le blé dur et l'orge qui sont adaptés au pays, et auxquels une sélection millénaire a donné des qualités très appréciées.
L'influence de la colonisation, qui est énorme, a porté sur autre chose : les instruments et les méthodes de labour. L'indigène ne connaissait que l'araire, la petite, charrue à soc en bois, qui égratigne le sol. Le colon a introduit la grande charrue des labours profonds. Les machines agricoles modernes ont une très grande diffusion et sont l'objet d'un gros commerce d'importation. Ajoutez l'usage du fumier, des engrais chimiques. Malgré les efforts prolongés des colons, le blé dans la Mitidja n'a jamais pu rendre plus de 10 à 12 pour 1. C'était un progrès énorme; l'indigène  n'obtient guère que du 5 au 6. Mais sur nos plateaux limoneux de la Picardie, par exemple, le rendement est de 40 à 50.



mardi 7 juillet 2015

7 juillet 1915; Gustave raconte son quotidien.

« 3 heures 7 juillet 1915
Chers parents
Je suis affecté à la Cie hors rang comme téléphoniste, je suis à 50m d’une ferme ou il y a Gabriel Tardat, cuisinier au train
régimentaire pour les officiers, s’il ne m’avait pas dit qu’il était de Brazza je ne l’avais pas reconnu car il laisse la barbe, c’est un beau garçon il y a  8 mois qu’il y est, il m’a di qu’il avait vu le beau frère à monsieur Eugero donc Sauveur il est au 1er Zouaves. On est campé sous les tentes.
Avant-hier le régiment est venu au repos et alors on est pour 8 jours sans rien faire, les anglais ont avancés de 3 tranchées qu’ils ont pris sur les Boches, on voit quelquefois le cinéma à l’œil, on se leve quand on veut on fait la sieste jusqu’à 4 heures on ne se fait pas un brin de mauvais sang, je suis plus heureux qu’en caserne, 50 fois plus, il manque les cafés mais moi ça me touche pas beaucoup, je fini ma lettre.
En vous embrassant à tous ainsi que Mr Eugene.

Fortier Gustave 1er tirailleur de Marche Secteur postale N° 68 Cie hors rang téléphoniste. »


Les JMO : Journaux de Marches, ce sont des recueils de la vie des unités. Ils existent pour le 1er RMT (Régiment de Marche de tirailleurs également sous le nom de Régiment de tirailleurs Algériens : RTA) 4 JMO couvrant la période de Mai 1915 à Juillet 1918. Ces documents sont une source d’information exceptionnelle qui va nous permettre de retracer plus finement le parcours de Gustave.
Le premier JMO du 1er RTA commence en Mai 1915, en effet le 6eme RMT devient le 1er RMT le 1er avril 1915.
Dans ce JMO, nous voyons bien l’arrivée de renfort de 486 hommes et 3 officiers (Gustave fait partie de ce renfort)
Cette période est constituée de période (8 jours) en repos et présence dans les tranchées. Gustave va rester jusqu' ’au 12 octobre dans cette situation. Il n’y a pas de combats mais surtout des bombardements ou quelques accrochages, nous constatons régulièrement  quelques tués ou blessés.


« Les anglais ont avancés de 3 tranchées qu’il ont pris sur les Boches »
Apres des mois en 1914 de guerre de mouvements ayant entrainé les pires pertes de la guerre, les offensives
allemandes sont stoppées. Les Belges et les Anglais acceptent d'ailleurs d'unir leurs états-majors à ceux des
Français pour l'application d'une tactique commune sous l'autorité du général Joffre qui permettra de stabiliser le front.
Nota : La mention Royaume-Uni inclut toutes les composantes de l'empire britannique : le Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d'Irlande, les dominions (Afrique du Sud, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Terre-Neuve),
les colonies et les protectorats. Ces composantes avaient cependant des unités séparées selon leurs provenances.

« Les Boches » L'apparition de BOCHE remonte à la seconde moitié du 19 ième siècle, vers 1860, et "boche", ça viendrait d' "ALBOCHE". Alboche est terme un peu plus ancien formé du préfixe "AL", abréviation de "allemand" et du suffixe "boche". Et boche, avant de désigner l'ennemi allemand, était utilisé dans l'argot du 19ième siècle dans l'expression "tête de boche" pour désigner une personne à la tête dure, "une tête de bois". Il est surtout popularisé par les poilus dans les tranchées de la Grande Guerre, avant de passer ans le langage commun Il reste en usage durant de la Seconde Guerre mondiale, mais il est alors concurrencé par d'autres expressions péjoratives à l'encontre des Allemands, comme « Fritz », « Chleuhs », « Fridolins », « Frisés », « Vert-de-gris», « Doryphores », et « Teutons ».

dimanche 5 juillet 2015

Avril 1915 : les Gaz; le 1er RMT subit ses plus grosses pertes, heureusement juste avant l'arrivée de Gustave!

Gustave est en Belgique, depuis début juillet, pas plus d’information dans sa lettre, toutefois nous savons donc aujourd’hui que le 1er régiment de tirailleurs algériens est installé à Boezinge à coté de Ypres en Belgique. Le lieu est malheureusement célèbre pour avoir subi la première attaque chimique, au gaz de chlore, durant la première guerre mondiale, en avril 1915. Le Régiment de Gustave (1er RMT) a subi lors de cette attaque une de ses plus grande perte (voir récit ci-dessous, heureusement juste avant l’arrivée de Gustave) : Avril 1915 A peine constitué, le 1er RMT est embarqué en chemin de fer à destination de la Belgique, où il arrive le 20 avril. Cantonné à Poperinghe et Crombeke, il relève dans la nuit du 21 au 22, dans le secteur de Langemark, le 3e bis de Zouaves. Les organisations sont à peine ébauchées, mais l’ennemi est calme ; la journée du 22 s’écoule paisible. Vers 17 heures, d’épaisses vapeurs vertes et rouges s’élèvent des lignes ennemies et, poussées par le vent, gagnent nos positions : ce sont les gaz asphyxiants qui, pour la première fois font leur apparition. Les tirailleurs de première ligne sont alertés et font face à l’attaque ennemie ; dans une atmosphère irrespirable. Il lutte héroïquement contre un ennemi supérieur en nombre et convaincu du succès rapide et facile.
Mais, sans défense contre les gaz, ils succombent bientôt épuisés. Comme eux, leurs camarades des 2e et 3e lignes, submergés par la masse chlorée, sont rapidement hors de combats. A droite et à gauche, les Allemands ont réussi à percer ; les éléments valides du 1er tirailleurs se replient en bon ordre et en liaison à droite avec les Canadiens ; à gauche avec les territoriaux. Les progrès de l’ennemi sont enfin enrayés prés de la ferme de Morteldje. Le 23 avril, les débris du régiment (300 hommes à peine) sont rassemblés vers Elverdinghe soumis à un bombardement continu.
La première bataille d'Ypres, aussi connue sous le nom de bataille des Flandres, fut la dernière bataille majeure de la première année de la Première Guerre mondiale qui eut lieu à Ypres en Belgique (1914). Elle marque, avec la bataille de l'Yser, la fin de ce que l'on nomma la course à la mer. La première bataille d'Ypres est un succès pour les Alliés, mais son coût est terrible. Les deux camps s'affairent maintenant à consolider leurs positions en aménageant un système de tranchées qui courront bientôt de la mer du Nord a la frontière Suisse.
La Première Guerre mondiale ne dure que depuis six mois et l'étendue des pertes humaines est sans précédent dans l'Histoire. Rien que sur le front occidental, les Français, les Belges et les Britanniques ont perdu plus d'un million d'hommes, dont une grande majorité de Français. Les Allemands comptent environ 675 000 soldats tués, blessés ou disparus au combat.

Belgique 5-7-15 Chers parents Je vous écris d’une ferme à 20K des lignes de feu, on entend le canon du matin au soir et des aéroplanes a chaque moment

« Belgique 5-7-15
Chers parents
Je vous écris d’une ferme à 20K des lignes de feu, on entend le canon du matin au soir et des aéroplanes a chaque moment, la bière coute 5 sous le litre, le vin 15, un œuf 3 sous, le lait 6 sous le litre, le beurre 15 sous la livre.
Le régiment vient ce soir, il sort des tranchées et vient au repos pour 8 jours et dans huits jours on retournera ensemble voir les boches, il y a des villes qui sont complètement anéanties, il reste que les murs quand on va dans un champs de fève on ramasse dans une ferme les poules, les canards. A Aix on nous a donné un petit drapeau avec un cœur et un croix peint sur et une petite médaille à Lyon, on est resté un jour mais défendu de sortir, une dame nous as donné un cœur en étoffe rouge, les médailles de notre dame d’Afrique, je les ai cousu après le cordon que j’ai au coup pour tenir ma plaque d’identité.
Ne vous faites pas de mauvais sang pour moi car je me débrouille toujours.

Gustave Fortier 1er tirailleur de marche 45e division, secteur 68 »




vendredi 3 juillet 2015

3 juillet 1915 : Gustave est parti 10 jours après son arrivée à Aix sur Dunkerque en train, d’où il écrit.

« je vous écris dans le train en allant a Dunkerque, nous sommes à 20kms du front on entend le canon du matin au soir on est dans une ferme près de la frontière Belge.. » 
Il découvre les premiers signes de la guerre « si vous voyer ces maisons démolies, mais il y a de belles récoltes jusque derrière les lignes de feu les colons labourent.
Le vin coûte 15 sous le litre mais on boit de la bière à 5 sous le litre ou du cidre.
On est pas mal, donnez moi le secteur d’Adolphe, si il est au feu, on pourrait se voir.
il manque des munitions en France on avait préparé un beau coup a Arras et les boches étaient a leur dernière tranchées et la cavalerie était prête a charger et les munitions ont manquées, on s’est arrêté là et les boches se sont retranchés, ils ont fortifiés
Un gros baiser à tous, Gustave »