lundi 24 août 2015

Lettre de Gustave à sa sœur Julie le 25 août 1915

« Chère sœur
J’ai reçu ta lettre en même temps que celle de Julie et de maman, tu me dis de ne pas vous laisser sans nouvelles, je pense que vous avez rendu réponse à Gabriel Tardat parceque tout les jours il me demande des nouvelle de la maison, il est très brave avec moi.
Je n’ai pas grand-chose à te dire et je crois que vous avez dut recevoir les bagues et les portes plumes, tu n’as pas du te disputer avec Néné pour le porte plume ou la bague, tu me diras ce que tu as pris, ton frère qui t’embrasse bien fort.
Gustave Fortier »




Lettre du 20 août 1915

« 20 \ 8 – 15
Chère Maman
J’ai reçu ta lettre et la carte et tu me demande si j’ai reçu les 10 francs que Cyrille m’a envoyé et le fils Boineau m’a donné ce qu’il m’appartenait comme flanelle et 4 paires de chaussette et la boite que tu avait donné pour la montre et du chocolat, et il m’a dit qu’il avait donné un paquet à un sergent et ce paquet est perdu pour moi, je ne sais pas ce que tu avais mi dedans, tu me le diras sur une prochaine lettre.
Je suis en Belgique aux environ d’Ypres mais fait attention quand tu m’écris de ne pas mettre Belgique sur les lettre parce que tu me ferais attraper au moins 30 jours de prison car c’est défendu de mettre l’endrois ou on est et alors quand tu met Belgique sur l’adresse ça serais moi qui trainque,
Il faut mettre que :
Fortier Gustave
1er Tirailleurs de Marche
CHR
Secteur Postal 68
Je termine ma lettre en vous embrassant à tous et je pense qu’elle vous trouve en bonne santé, ton fils.
Gustave »



Lettre de Gustave à sa sœur Berthe le 25 aout 1915 « La victoire a l’air de pencher du coté des alliés d’après ce que j’ai su hier au soir il parait que 8 cuirassiers ont passé les Dardanelles gard aux Turcs!. »

« Chère Sœur
Je t’écris pour te faire savoir de mes nouvelles, tu dois bien savoir que je suis toujours en bonne santée, ça ne vaut pas la peine de te le dire, je suis au repos voila 15 jours, je n’entend pas le joli refrain des marmittes ni le sifflement continuel des balles.
La victoire à l’air de pencher du coté des alliés d’après ce que j’ai su hier au soir il parrait que 8 cuirassés ont passés les Dardanelles, gard aux Turcs.
En ce moment-ci je suis au poste du bataillon garde au téléphone, j’ai tout le temps voulu pour écrire, je pense que les battages doivent avancer et Eugene doit être gentil avec vous tous, quand je retournerai je trouverai du changement, tu me dis que la petite de Julie est un vrai petit diable, tant mieux il vaut mieux qu’elle soit diable que malade, je désirerai que Cyrille soit versé au Spahis ou à l’artillerie car à l’artillerie il serait à l’abris de balles mais quelquefois il recevrai des marmittes mais elles font plus de bruit que de ma l. je termine ma lette en t’embrassant ainsi qu’a toute la famille.
Ton frère pour la vie.
Gustave Fortier

Bien le bonjour à tous les ouvriers sans oublier Bel Abes et les Naoui »
« La victoire a l’air de pencher du coté des alliés d’après ce que j’ai su hier au soir il parait que 8 cuirassiers ont passé les Dardanelles gard aux Turcs!. » Les informations sur le front sont diffusées et probablement exploitées pour maintenir le moral des troupes, sur ce sujet, finalement les Dardanelles seront un échec. La bataille des Dardanelles, est aussi appelée la bataille de Gallipoli. Le but de cette bataille était de s'emparer dans un premier temps de la mer de Marmara pour pouvoir assiéger Constantinople, ainsi, les Alliés songeaient contrôler les flux maritimes du Bosphore. L'idée d'éliminer l'Empire ottoman de la guerre par une action navale fut présentée au conseil de guerre de la Grande-Bretagne, vers la fin de novembre 1914. Selon le plan initial, une force navale devait attaquer le détroit afin d'ouvrir la route vers Constantinople. Malgré les réserves présentées de plusieurs côtés, ce plan fut dûment approuvé en janvier 1915.
Le premier Lord de l'Amirauté, Winston Churchill appuie un projet audacieux qui donne la part belle à la marine, il impose une attaque uniquement navale pour forcer les détroits. Les assauts échouent en entraînant des pertes élevées. Winston Churchill, qui s'est beaucoup investi dans ce projet, s'entête et prévoit une opération combinée : attaque navale des détroits et débarquement sur la presqu'île de Gallipoli. Cette opération inutile aura coûté la vie à 180.000 soldats alliés dont 30.000 Français, ainsi qu'à 66.000 Turcs. C'est un revers sérieux pour les Alliés en guerre contre les puissances centrales et leur alliée ottomane. Résignés, les Alliés évacuent leur corps expéditionnaire et le transfèrent à partir d'octobre à Salonique, en Grèce. Les derniers soldats quittent les Dardanelles dans la nuit du 8 au 9 janvier 1916.




jeudi 20 août 2015

Lettre de Casalta (15 aout 1915) son ancien instituteur félicite Gustave et exprime sa fierté d’avoir préparé les jeunes a défendre leur patrie. Gustave exprime dans ses lettres la chance qu’il a eu d’aller à l’école, il s’exprime et écrit très correctement. Il écrit que René son petit ferre, a cause de la guerre, du décès de son père Joseph en 1914, entrainant le fait que René devait aider à la ferme au lieu d’aller à l’école. René (Pépé, mon grand pere) nous as souvent exprimé ce fait et l’a écrit au dos d’une de ses photos.

La lettre de M Rosalta le maitre de Gustave à Berrouaghia fait écho à une lettre de Gustave, que le maitre a fait publier dans le journal « L’ECHO D’ALGER » du 25 aout 1915.

« Berrouaghia le 15 aout 1915
Mon cher Gustave
J’ai reçu ta lettre m’annonçant ton engagement et l’autre datée de Belgique. Inutile de te dire combien ton vieux maitre à été touché, 1° par ton bon souvenir, on est habitué dans l’enseignement à l’oubli que le moindre souvenir nous comble et nous fait oublier bien des désillusions. 2° a cause des sentiments patriotiques que tu exprimes, oui mon enfant je suis fier de toi, je suis heureux de savoir que mes leçons n’ont pas été perdues pour tout le monde,
c’est ma fierté à moi, mon orgueil de savoir que j’ai su préparer des âmes pour servir ma patrie, si les ans ne me permettent pas de mourir pour elle, au moins j’ai la satisfaction d’avoir pendant trente ans préparé des braves pour la défendre. Merci mon cher Gustave de m’avoir dit tout cela et sois fier de faire ton devoir. La France a besoin de ses enfants. Tu as répondu a son appel malgré ton âge, tu luttes pour conserver à notre bien aimée Patrie son trésor de liberté et d’indépendance, Gloire à toi et à tous qui font comme toi, ton maitre ne regrette qu’une chose : c’est que son âge ne lui permet pas de quitter la plume et la parole pour l’épée et le fusil, il aurait été heureux de prendre rang à l’ombre du drapeau, a coté des fiers défenseurs de la France, a coté des 8 membres de la famille actuellement sur le front a coté des nombreuses générations d’élèves auquel il a appris a aimer la France. Son bonheur aurait été de marcher avec eux sur le chemin de la victoire qui ne saurait tarder à m’en ouvrir les bras et a nous mener sur les rives du Rhin.
Reçois, cher Gustave l’expression de mon sentiment le plus affectueux et mes tendres baisers.
Ton maitre Rosalta.
Ma fille Camille est mariée à un de mes adjoints, ma famille est à l’école primaire de Blida, elles t’envoient un bien doux souvenir »




12 août 1915 : je crois qu’on ne va pas tarder à bien les servir car on va leur envoyer ce qu’ils nous avait envoyé mais mieux servi dans le secteur Anglais on leur a envoyé des gaz asphyxiants les boches se sont débinés avec rapidité on leur a repris 3 tranchées. C’est la guerre de ruse au plus malin

«12 – 8 – 15
chers parents
Je vien d’etre levé de garde et j’ai vu le fils Boinnot qui vient de permission, il m’a remis le papier à lettre et il m’a dit que tu lui avais remis du linge, les bagues que je vous ai envoyé c’est avec des gamelles Allemandes et les portes plumes sont faits avec une balle boche et une blege, la boche c’est la pointue et la belge c’est la ronde et le chargeur avec les 4 balles c’est pour Eugene. Je ne vous ai pas expliqué sur la dernière lettre parcequ’il avait passé un ordre que l’on devait laisser les lettres ouvertes mais ça n’a pas duré longtemps, j’espere que ma lettre vous trouve en bonne santé mais je crois qu’on ne va pas tarder à bien les servir car on va leur envoyer ce qu’ils nous avait envoyé mais mieux servi dans le secteur Anglais on leur a envoyé des gaz asphyxiants les boches se sont débinés avec rapidité on leur a repris 3 tranchées. C’est la guerre de ruse au plus malin, le fils Boinnot m’a dit que Cyrille était bien portant et qu’il vous avez vu à tous, j’en pleurais de joie mais il faut espérer que l’on se reverra bientôt, il faut pas se faire du mauvais sang pour moi car je suis très bien et que vous tous qui êtes là bas vous êtes bien plus à plaindre que moi car vous devez vous en faire plus que moi mais moi je ne m’en fait pas du tout car c’est moi qui l’a voulu, il faut espérer que je reviendrai travailler comme avant et tout en travaillant je vous conterez les histoires de la guerre, je vous embrasse de tout cœur, ton fils et frère.
Gustave »



Lettre de Gustave à son beau frère Adolphe Estimée en Aout 1915, recoupement avec lettre de Gustave en Aout 1915, sur la bataille des Dardanelles qui vient d’être engagée. Gustave évoque son engagement malgré son jeune âge mais avec une « ambition et une fougue », une volonté « d’être plus que les autres »

« Cher beau frère
J’ai reçu ta lettre qui m’a rappelé le temps passé je t’avais dis que je ne m’engagerai pas mais que veux tu quand on est toujours ambitieux et fougueux on veut toujours être plus que les autres mais que veux tu la bêtise est faite et ce seras peut être mon bonheur ou mon malheur.
Tu es à l’hôpital, tu as bien raison car tu as fait ta part de travail que chacun en fasse autant et la paix ne serait pas loing d’être signée parcequ’en ce moment il y en a des embusqués qui sont toujours à l’arrière et qui ose parler et que moi à leur place je me cacherais dans un trou de souris, fais attention qu’on ne t’envoie pas aux Dardanelles ça doit être dur la bas. Tu me donneras des nouvelles de la maison si ça marche bien et si les arabes ne font pas des méchanceté à ma pauvre maman et su Eugene s’occupe bien du travail car si je savais qu’il y a quelqu’un qui ferais des noiseries à ma mère je crois qu’en rentrant à la maison après la guerre si je suis en vie il ne mangerai plus de pain.
Reçois de ton beau frère mes meilleurs souvenirs et je t’embrasse de tout cœur ainsi que toute la famille.
Gustave Fortier »

samedi 8 août 2015

10 aout 1915 : « mais il faut espérer que nous serons vainqueur malgré certaine trahison.. »

« 10 – 8 – 15
Chère sœur
J’ai reçu ta gentille lettre en même temps que celle de maman qui m’a fait bien plaisir de voir que tu pense à moi.
Tu choisiras la bague ou le porte plume, tu me dis que c’est pour la France et pour la Patrie que je me bat mais j’aimerais mieux être auprès de vous tous mais il faut espérer que nous serons vainqueur malgré certaine trahison; je suis content que Julie vient à la maison comme ça elle pourra donner la main à maman et te soulager à toi et Cyrille ne doit pas etre appelé encore, s’il pourrait au moin finir les battages.
Je termine ma lettre en t’embrassant de tout cœur, ton frere.
Gustave

Embrasse bien Julie, Cyrille, néné et Guiguitte  pour moi. »


9 aout 1015 : « En arrivant au cantonnement j’ai fait la lessive à cause des petites bêtes que l’on attrape ici au front » « je vous envoie un souvenir à chacun : maman Julie et guiguitte une bague chacune et Berthe et néné choisiront celui qui veut le porte plume et un le porte plume et l’autre la bague et Cyrille un porte plume… »

9-8-15
Chers parents
Je vous écris pour vous faire savoir de mes nouvelles que vous m’excuseraient parceque je ne vous ai pas écris voila 4 jours, c’est parcequ’il y a eu la relève et en arrivant au cantonnement, j’ai fais la lessive a cause des petites bêtes que l’on attrape ici au front. Si le fils Boineau a dit à maman que je fumais c’est qu’il a menti parceque ce n’est pas vrai, jusqu’à présent je n’ai pas fumé, ce n’est pas parceque je suis loing de vous que je me mettrais à fumer et c’est un gout qu’il ne me va pas, les cigarettes que tu as mis dans le colis que tu m’envoie par lui, je serai obligé de les donner, je lui ai prétté ma veste et ma chechia.
Je vous envoie un souvenir pour chacun : maman Julie et guiguitte une bague chacune et Berthe et néné choisirons celui qui veut le porte plume et un le porte plume et l’autre la bague et Cyrille un porte plume et Eugene le reste comme souvenir. Je suis en train de faire 2 bagues, une pour Cyrille et l’autre pour Eugene et quand j’aurais le temps, j’en ferais une pour Néné, j’espère que mon petit colis arrivera à bon port, tu me dis pourquoi je ne t’envoie pas la montre, je l’ai cassé le verre et je l’ai donné à mon sergent qui est aller en permission pour qu’il la fasse arrangé et je m’en servirai car comme téléphoniste il faut une montre parceque on en a besoin à chaque instant, je termine ma lettre en vous embrassant de tout cœur à tous

Gustave »





vendredi 7 août 2015

6 août 1915 : Gustave dit "Hier les boches ont affiché sur la tranchée qu’ils avaient pris Varsovie ils étaient content, ils hurlaient comme des sauvages.... que vous finissiez les travaux comme il faut; si c’est possible avant que Cyrille parte faire un et deux! »

« Belgique le 6 aout 1915
Chère maman
J’ai reçu ta lettre du 29 juillet 1915 après celle de Cyrille et de Berthe, ce soir je vais au repos pour 8 jours et tout les 8 jours c’est 8 de repos, 8 de tranchée la guerre n’est pas trop dure, je ne pense pas de passer l’hiver. Hier les boches ont affiché sur la tranchée qu’ils avaient pris Varsovie ils étaient content, ils hurlaient comme des sauvages. Je crois que vous n’aller pas tarder a battre le blé, l’orge a du bien rapporter car elle n’était pas vilaine comme fourrage il doit y avoir une belle meule parcequ’il y en a de trop qu’il nous gène pour marcher en allant au repos, je verrai Gabriel Tardat, je lui donnerai le bonjour de ta part, il m’avait dit qu’il t’avait écris et tu as du recevoir la lettre, il faut espérer qu’elle ne dureras pas des années, si vous avez des nouvelles d’Adolphe dites moi si Julie doit bien savoir ce qu’est passé son mari, si il est mort ou si il est en vie, c’est ce que je voudrais savoir, je pense que s’il est malade, ce ne dois pas etre grand-chose.

J’ai écris chez Julot, je pense que cette fois ci ma lettre leur parviendra, j’ai écris à monsieur Maziere comme tu me l’vais dis, il faut dire à Cyrille que si il voit Marcel lui demander pourquoi qu’il ne m’écris pas et Monsieur Alian aussi je leurs ai écri il y a une quinzaine de jours, ils ne m’ont pas répondu.
 J’ai écris à mademoiselle Louise Ferreol, elle n’a pas daigné me répondre mais ce que je m’en fou elle n’a qu’a rester, je lui ai écris par politesse parceque j’ai été les voirs quand j’ai été en permission. Je me porte bien, je mange bien il faut pas se faire un brin de mauvais sang pour moi parceque je sais me débrouiller, j’ai reçu les 10 francs que Cyrille m’a envoyé, j’ai été content car s’il y avait pas la maison avec les parents, on peut bien les pendre. Quand je suis passé à Alger, j’ai été dire au revoir à Louis, j’ai soupé avec eux et le soir il m’a accompagné jusque à la caserne et le lendemain ils m’ont fait un gentil petit casse croute, je l’ai remercié, ils ont été bien gentil pour moi, quand aux autres Geneviève m’a écris qu’une fois, Julot que la photo de ses enfants Ferreol, c’est à ne pas en parler. Je pense que ma lettre vous trouve en bonne santée et que vous finissiez les travaux comme il faut, si c’est possible avant que Cyrille parte faire un et deux.  Je termine ma lettre en vous embrassant à tous sans oublier Mr Eugene.   Gustave
Donne le bonjour aux amis et surtout à Marcel, pourquoi il ne m’écris pas ce fainéant, tu lui diras de ma part »

Gustave évoque la prise de Varsovie par les Allemands qui s’en vante en l’affichant sur les tranchées, la prise de Varsovie a eu lieu le 5 aout et déjà dans la lettre de Gustave du 6 aout l’information est connue dès le 5 aout et exploitée par les Allemands sur le front de l’Ouest.
« hier les boches ont affiché sur la tranchée qu’ils avaient pris Varsovie ils étaient contents ils hurlaient comme des sauvages »

5 août 1915 : Gustave relativise souvent le danger, nous pouvons une fois de plus constater dans le JMO ci-joint retraçant la relève évoqué par Gustave dans sa lettre du 5 aout 1915, que les pertes sont régulières, 1 tué et 6 blessés. Le quotidien dans sa courte lettre avec la soupe « qu’on ne laisse pas passer »



mardi 4 août 2015

Lettre du 4 aout 1915, a son frère Cyrille qui a du être incorporé fin Aout 1915 à 20 ans (né le 25 août 1895), dans cette lettre, Gustave parle « d’homme à homme » et se confie plus sur son quotidien de guerre.

« J’ai été au poste du commandement des joyeux »  :
Les Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique (BILA) étaient des bataillons formant corps. Ils ont accueilli dans leur rang les jeunes hommes déjà condamnés dans le civil, au moment ou ceux-ci devaient faire leur service militaire, et des militaires sanctionnés, après leur passage dans des compagnies de discipline. Cependant il est clair qu'il y régnait une discipline bien plus forte que dans les autres unités de l'armée.                          
Ces hommes auront le surnom de Joyeux
En 1914, à la déclaration de la guerre, les effectifs devant pour la plupart rester en garnison en Afrique du Nord, on a formé pour la durée de la guerre, un puis trois bataillons de marche d'infanterie légère d'Afrique. Ils se sont couverts de gloire en Belgique (porté sur leur drapeau).

Pendant la première guerre mondiale, le 1er BMILA s'est battu en France au sein de la 45e division d'infanterie. La même division ou se trouve Gustave avec son régiment.
«Belgique le 4 aout 1915 
Cher frère
J’ai reçu ta lettre qui m’a fait bien plaisir de recevoir de tes nouvelles, j’ai reçu les 10 francs que tu as mi en mandat dans ta lettre avec le papier, je pense que tu partira un des derniers car ça commence par S., tu dois travailler pour finir mais moi je travaille plutôt la nuit que le jour et le jour je me repose. Je vais te raconter ce qui m’est arrivé depuis que je suis au front. Les 1er 8 jours rien pendant 6 jours j’étais au poste du Colonel et puis j’ai été au poste du commandant des joyeux parcequ’on prends la garde aussi aux joyeux. Il est passé un avion boche ils ont commencé a tirer dessus a coup de fusil l’aviateur nous a repéré et une demi heure après voila les obus qui rappliques mais j’y étais pas j’étais à la soupe … ca marmitait matin à 11H et le soir ils tombaient pas en plein sur nous Ils passaient a droite a gauche mais il faut faire attention aux éclats quand les zouaves nous ont relevé les boches ont fichu le poste du commandant en bombe mais j’y était pas et le soir même ils m’ont tirés dessus que j’étais dans le boyau pour venir au repos au repos j’ai passé 8 jours j’entendais plus les marmites ni les fusils me voila revenu et les marmites tombent toujours mais je n’y fais plus attention il y a 8 jours les boches ont marmité plusieurs points et les éclats ont coupés nos lignes il a fallu les réparer et l’artillerie a cessé de tirer on en répare une sans incidents et une autre se coupe on y va un moment après la fusillade commence et la mitrailleuse les balles sifflent et on été couchés à plat ventre elles
passaient au dessus de nos tètes mais c’était pas pour nous c’était que les projecteurs boches avaient vu les soldats réparer les tranchées Quand la fusillade a cessé nous sommes reparti en riant de notre malheur surtout il y en avait un de rigollot quelques pas de là un joyeux nous crie « halte là qui vive » on s’est arrêté on lui dit téléphoniste il nous a laissé passé on est allé se coucher et il n’y a plus rien
arrivé. Quand tu seras appelé tache d’aller au spahis si il y a de la place et s’il y en a pas demande a aller au 1er tirailleur, là bas tu ne partiras pas trop vite au front car si tu suit le peloton tu pourrais avoir  la chance d’être Caporal et si tu es Caporal tu viendrai pas au front jusqu’à ce que cela soit fini à Blida, tu ne serais pas mal, je pense que ma lettre te trouve en bonne santé, je ne pense pas que tu viendra à
la guerre car je crois quelle ne va pas tarder a avoir sa fin.
Reçois de ton frère une grosse poignée de main.
Ecris moi de temps en temps.
Gustave
Je te remercie des 10 francs que tu m’as envoyé»




dimanche 2 août 2015

2 août 1915 Au fur et a mesure et selon probablement son état de motivation, il nous parle que la guerre ne durera pas, dans celle-ci il nous dit « les boches on dirait qu’il faiblissent ils commencent a baisser de l’aile » Il décrit la guerre toujours avec un recul surprenant « c’est néné (René son petit frère) qui aimerait voir ca le soir il y a les fusée qui partent à 13m de hauteur elles restent 2 à 3 minutes puis elle s’éteint et pendant que la fusée éclaire alors c’est les coups de fusils et de mitrailleuse ca fait un vrai vacarme

Au fur et a mesure et selon probablement son état de motivation, il nous parle que la guerre ne durera pas, dans celle-ci il nous dit « les boches on dirait qu’il faiblissent ils commencent a baisser de l’aile »

Il décrit la guerre toujours avec un recul surprenant « c’est néné (René son petit frère) qui aimerait voir ca le soir il y a les fusée qui partent à 13m de hauteur elles restent 2 à 3 minutes puis elle s’éteint et pendant que la fusée éclaire alors c’est les coups de fusils et de mitrailleuse ca fait un vrai vacarme les bombes les grenades les torpilles les crapouillaux   grosse bombe de 80 à 100kgs il   faut pas croire que ça tombe ou   je suis ca tombe aux premières   lignes car moi je suis au poste de   commandement on reçois que de   temps en temps la visite de   quelques marmites mais vite on   rentre sous les abris … mais que   des balles perdues passent au   dessus de mon poste …   tranquille comme Baptiste»



Crapouillot, qui signifie littéralement « petit crapaud », désigne, dans le vocabulaire des poilus, un mortier de tranchée français et par extension ses munitions, les torpilles d'artillerie. Plus tard, le nom fut repris par un journal. 


samedi 1 août 2015

Tu m’excuseras si je t’ai mis sur la lettre que je t’écris plus, il ne faut pas croire que j’ai été puni pour ca, tu m’as fait de la peine plus que si j’avais recu une balle en pleine poitrine en me disant que tu tenais a moi et moi aussi et si je reste embusqué c’est à cause de toi autrement je n’ai que toi au monde et je rentrerai dans une compagnie active et je tacherais d’avoir des gallons ou des médailles ou je laisserai la peau c’est pour toi que je tiens à la vie.

« Chère Maman
Je viens de recevoir ta lettre à l’instant ainsi que la carte de Berthe me souhaitant ma faite ce qui m’a fait plaisir, tu me dis aussi que je t’ai fait de la peine en te disant que je ne t’écrirai plus si tu mettais encore Belgique je t’ai mis ca pour pas tu mette l’endroit ou j’étais et pour que l’on ne sache pas ce que je te mets sur la lettre, il ne faut pas te faire du mauvais sang pour moi j’espère que cette guerre finira bientôt je n’ai pas été en prison ni puni parce que tu as mis Belgique et lorsque tu verras sur les journaux Steenstraat ou ces ca, c’est dans ces endroit que je suis et si tu vois quelque chose il ne faut pas te faire du mauvais sang, j’ai reçu les cents sous et ceux de Julot que je le remercie et il faut espérer que je retournerai et que les travaux marcheront mieux qu’en ce moment et les arabes doivent te faire des méchanceté et Eugene doit faire un peut la fleme voyant que personne peut le commander.
Tu me dis aussi qu’Adolphe  tire la fleme aussi il a bien raison parceque en ce moment ce n’est pas les plus malins qui gagne le mieux et celui qui en fait le moins c’est le mieux
Tu m’excuseras si je t’ai mis sur la lettre que je t’écris plus, il ne faut pas croire que j’ai été puni pour ca, tu m’as fait de la peine plus que si j’avais recu une balle en pleine poitrine en me disant que tu tenais a moi et moi aussi et si je reste embusqué c’est à cause de toi autrement je n’ai que toi au monde et je rentrerai dans une compagnie active et je tacherais d’avoir des gallons ou des médailles ou je laisserai la peau c’est pour toi que je tiens à la vie.
Embrasse bien ma petite Guiguitte pour moi il faut espérer qu ’elle me reverras et Berthe, René, Julie et Eugene. Pour moi ton fils pour la vie.

Gustave Fortier »



mais je suis content parceque si j’ai le bonheur de revenir je pourrai parler de la guerre, je sai ce que c’est. On prépare un grand coup parceque je pense que la guerre ne feras pas l’hiver car passer l’hiver dans la boue c’est trop dur, aussi bien pour eux que pour nous.

« Chère maman
Je t’écris pour te donner de mes nouvelles je suis toujours en bonne santé. Louis m’a écrit une carte qui m’a fait plaisir tu as du recevoir la lettre de Mr Casalta. Je souhaite que Cyrille ne parte pas jusqu’après les battages.
Le monde disent que je suis embusqué par exemple comme Mr Servel mais je risque la peau plus que son fils qu’il est à Lyon, mais je suis content parceque si j’ai le bonheur de revenir je pourrai parler de la guerre, je sai ce que c’est.
On prépare un grand coup parceque je pense que la guerre ne feras pas l’hiver car passer l’hiver dans la boue c’est trop dur, aussi bien pour eux que pour nous.
Embrasse bien tout la famille pour moi, ton fils.
Gustave
Donne le bonjour aux ouvriers, Ben Ouissel et Bel Abes.

Je te recommande encore une fois de plus de ne plus mettre sur l’adresse le mot de Belgique autrement je n’écris plus tu risque à me faire boucler »


J’ai été content de recevoir la lettre que j’avais envoyé à Mr Casalta et regarde bien les journaux il va peut être en paraitre une autre.

« Chère maman
Il ne faut pas te faire du mauvais sang pour Belgique, si sur la dernière lettre que je t’ai écrite, j’ai mis que je ne t’écrirais pas, c’est que je t’avais dis sur plusieurs lettre de ne pas mettre l’endrois ou j’étais et tu n’as pas du les recevoir, enfin ne met plus le mot de Belgique, il ne faut pas croire que pour ça je suis en prison, je t’ai dis ça c’est pour plus que tu le mette.
J’ai été content de recevoir la lettre que j’avais envoyé à Mr Casalta et regarde bien les journaux il va peut être en paraitre une autre.
Ici en Belgique je mange des fruits tant que j’en veux, je n’ai qu’a aller les chercher après les arbres.
Je termine ma lettre en vous embrassant à tous, ton fils.

Gustave »


Je ne croyais pas te faire de peine mais lorsque tu as mis sur ta lettre qu’il y avait les cents sous de Julie que c’était moi et Cyrille qui avions gagné et que j’étais ton fils, je n’ai pas pu continuer de lire la lettre tellement que ça m’a touché moi qui ne croyais jamais te faire de la peine à toi, je mérite la mort mais que veux tu par moment on a pas la tête à soi.

« Chère Maman
Je ne croyais pas te faire de peine mais lorsque tu as mis sur ta lettre qu’il y avait les cents sous de Julie que c’était moi et Cyrille qui avions gagné et que j’étais ton fils, je n’ai pas pu continuer de lire la lettre tellement que ça m’a touché moi qui ne croyais jamais te faire de la peine à toi, je mérite la mort mais que veux tu par moment on a pas la tête à soi.
Berthe m’a écrit je suis content de voir que vous pensez à moi, zizette m’a écri, elle me demande une bague, pour le moment je suis à une quinzaine de kilomètres de Dunkerque, je suis loin des 1ere lignes.
Je désire que ma lettre vous trouve à tous en bonne santé.
Ton fils qui t’embrasse de tous cœur.

Gustave Fortier »


Série de lettres datant approximativement de Juillet et Aout 1915, le sujet commun est le fait de mentionner la Belgique sur les lettres. Cela fera l’objet d’un malentendu entre Gustave et sa maman exprimés de manière dure. Objet du malentendu  : « je te recommande une fois de plus de ne plus mettre sur l’adresse le mot Belgique tu risque à me faire boucler » Ensuite Gustave (peut être avec des lettres de sa maman ayant peur de ne plus a voir de correspondance) s’excuse en expliquant que cela peut ne pas être accepté par la censure. « tellement que ca m’a touché moi qui ne croyais jamais te faire de peine sur le coup je ne sais pas ce que j’aurais fait car te faire de la peine à toi je mérite la mort mais que veut tu par moment on a pas la tète a soi »

La correspondance pendant la grande guerre :
Pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de lettres et cartes postales circulent quotidiennement du front à l'arrière, et inversement. De fait, le papier et l'encre constituent pour les millions de soldats et familles le seul lien fragile qui les unit encore en ces temps désastreux. Un phénomène dont s'empare rapidement la censure pour qui cette correspondance présente un danger certain.
La correspondance en temps de guerre, surveillée et censurée
Le phénomène étant ce qu'il est, la censure s'empresse de s'emparer de cette correspondance, et dans toutes les armées en guerre, des systèmes visant à limiter la diffusion d'idées hostiles ou d'indiscrétions sont mis en place. En France, dès le 26 janvier 1915, le Grand quartier général institue des visites d'officiers dans les bureaux de la Trésorerie et des Postes pour vérifier que les hommes n'enfreignent pas les interdictions qui leur ont été faites. Celles-ci se résument à l'interdiction de : préciser ses positions, au risque d'informer l'ennemi, de transmettre des idées pacifiques ou de dévoiler les conditions de vie des poilus.

La censure garantit ainsi les valeurs prônées par les hautes sphères: nationalisme, patriotisme et héroïsme. Pour ce faire, à partir de 1916, chaque régiment est contrôlé au moins une fois par mois et ce à raison de 500 lettres minimum, soit près de 180 000 lettres ouvertes chaque semaine. La Grande-Bretagne pousse même le vice jusqu'à la diffusion de cartes pré-remplies sur lesquelles les soldats peuvent cocher les cases correspondant à un minimum d'informations élémentaires (la santé, la météo) et apposer leur signature. 

« Chers parents
J’ai reçu vos lettres, celle de maman, de Julie et de Berthe qui m’ont fait bien plaisir de vous savoir en bonne santé et en même temps la carte d’Eugene qui m’a fait voir qu’on ne m’oublie pas, je pense que Cyrille ne doit pas être parti encore mais constant et Edouard doivent être parti et Marcel aussi, tout les jours je revoi mon ancienne tenue de marins parce qu’il y en a pas ici.
Je pense qu’après la guerre je serai libéré et rappeler après mais si Dieu veut que je revienne, je demanderai un surcis jusqu’à ce que Cyrille ai fini son temps et après je referai ce qui me resteras à faire, j’ai 15 jours de repos parceque les zouaves ont été remplacés par les coloniaux et alors voila aujourd’hui 8 jours que j’ai de repos et 8 autres ça me fait 15 jours que je n’entends pas les marmittes , ni les balles siffler.
Si tu écris à Louis donne lui bien le bonjour de ma part et à Henriette aussi je leur ai écri il y a quelques jours, ils ne m’ont pas répondu.
Je suis avec le jeune homme que Cyrille a vu et qu’il disait que son père aller renvoyer les ouvriers et avec un réserviste d’Oran un brave homme aussi, le fils Boineau m’a donné ce qu’il m’appartenait, 3 flanelles, 4 paires de chaussettes et la boite en bois, du chocolat et des bonbons, le papier à lettre. Il m’a dit qu’il avait un paquet aussi qu’il a donné à un sergent et le sergent ne lui a pas donné, je voudrais que vous me disiez ce qu’il y avait dans ce paquet.
Je fini ma lettre en vous embrassant à tous.
Gustave Fortier »

Gustave comme a son habitude rassure sa famille « ne pas vous inquiéter…bien abrité je ne risque rien » « ce soir on va au repos » voir JMO ci-dessous Gustave évoque une « sorcière » qui aurait prédit la fin de la guerre en décembre 1915, mais d’après Gustave : « les boches sont encore fort et nous aussi alors c’est pas prêt de finir »

« Cher parents
Je vous écrit ces deux mots pour ne pas vous inquiéter pour moi je suis au poste téléphonique et bien abrité, je ne risque rien , d’abord Adolphe peut vous le dire quand il viendra au feu, vous me donnerez son adresse pour que je lui écrive de temps en temps.
Ce soir on va au repos pour 8 jours parce qu’on fait 8 jours au front et 8 jours au repos à 20 K du feu. Je pense que les moissons doivent s’avancer et la récolte est jolie, il ils appelleraient pas Cyrille qu’ils laissent faire les battages, Adolphe prends du repos il vit bien car je crois qu’il a fait sa part ici au front et le monde, on les laisse dire parce qu’on ne peut pas arrêter les langues, si tu vas à Ain Bessem, tu verras la sorcière que tu connais car il y a M de Tebe qui a dit que la guerre sera fini au mois de Décembre pour voir si c’est vrai mais les Boches sont encore forts et nous aussi alors c’est pas prêt de finir, le petit 75 en abat chaque jour mais toujours il y en a,
c’est à Guillaume qu’il nous faut mais on l’aura jamais . Bien le bonjour à tous les
amis.
Je vous embrasse à tous. Gustave
Cyrille quand il sera, il ne rira pas comme il fait toujours avec les marmites boches
qui font boum zzzz pan arrr alors il laissera, mais ca ne fait rien on rigole une fois qu’elles ont passées. »