« Blida
le 7 juin 1915
Cher
parents
J’ai
écris hier à Julie et aujourd’hui j’ai reçu votre lettre qui m’a fait bien
plaisir avec la photo d’Adolphe, il est bien heureux d’être en France et aux
hôpitaux il doit être heureux car il est bien soigné.
Je
pense de pas moisir ici à Blida car je suis à ne rien faire tant qu’en France
on a besoin de monde, il y a mon lieutenant qui est parti et mon adjudant qui
part mercredi et que j’aurais voulut partir avec lui car c’est un bon chef.
J’aime
mieux partir comme 2eme classe plutôt que caporal et une fois en France je
demanderai à aller avec Adolphe et Alphonse aux zouaves car les tirailleurs ils
ont peureux et presque tous les français se font percer la peau a cause de ces
arabes quand je serais abillé pour
aller en France je vous enverrai une dépêche pour que vous veniez me voir à
Alger mais il ne faut pas croire que c’est demain ou après demain que je part,
ce seras peut être dans un mois ou un mois et demi et d’ici là il y a de l’eau
qui passe sous les ponts.
Un
gros baiser à tous; fils et frere pour
la vie
Gustave
fortier
Bien
le bonjour à tous ceux aui
parleront de moi, faites moi savoir si on a répondu à Cyrille pour les Spahis
si on ne le lui a pas répondu qu’il demande aux tirailleur mieux que les
Zouaves, j’ai toujours le courage que j’avais il faut esperer que
dans un mois je serai en France.
Bien
le bonjour à Naoui,
Brahim, Chigui,
Messaoud, Rabah, Bel Abes et
les ouvriers de la ferme que je ne me rappel plus de leurs noms »
Gustave évoque son départ imminent
en France « je
pense de pas moisir ici à Blida ».
Il
évoque les différents régiments, il préférerait les Zouaves « car
les tirailleurs ils sont peureux … ».
Il en parle aussi pour Cyrille qui doit être enrôlé, il aurait demandé les
Spahis, mais par défaut il lui conseille les tirailleurs (s’il reste en
Algérie!) , mais au front il vaut mieux les Zouaves.
Gustave est motivé « j’ai
toujours le courage » Nous ne savons pas si
Cyrille avait demandé les spahis, en final il sera incorporé au 3eme régiment
de tirailleurs Algériens basé à Bône et Gustave restera au 1er
régiment de tirailleurs Algériens donc basé à Blida.
Spahi est un mot d’origine turque,
(mot provenant du persan سپاهی sipâhi
signifiant « soldat » qui nous a aussi donné cipaye ou sepoy)
dont la traduction la plus acceptée est celle
de « cavaliers ». Le mot, déformé par la prononciation
française, devient Spahi.
Sur « l’analyse » de
Gustave sur les différents régiments, ses avis sont directs : pour le front il
préfère les zouaves. Les pertes sur le front
seront bien supérieures chez les Zouaves
que chez les Tirailleurs
Ces unités (Zouaves) à recrutement majoritairement indigène (70-90 % selon les époques sont en final exclusivement réservé aux français) venues d'Algérie française et du Protectorat Français de Tunisie ont existé de 1842 à 1964.
Il se distinguent particulièrement lors de la 1ere guerre mondiale, au cours de laquelle les 14 régiments ayant combattu obtiennent 55 citations à l'ordre de l'Armée, 4 régiments recevant la fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur, Les régiments de tirailleurs algériens et tunisiens sont avec les Zouaves parmi les plus décorés de l'armée française.
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