« Secteur
Postal le 9 – 8 – 16
Ma
chère Maman
J’ai
reçu ta lettre hier datée du 31.7 me disant que René voudrait être avec nous
mais le pauvre enfant ne sais rien, ni même les grandes personnes qui n’ont pas
vu la guerre, ainsi il y a des bons moments ou l’on mange des cerises, des
pommes, des poires, des prunes, des noisettes, mais lorsque ces messieurs les
boches prennent la fantaisie de nous bombarder ils n’attendent pas au
lendemain.
Les
15 francs que tu m’as envoyé, je les ai touché mais le colis, tu comprends que
les camarades voyant que j’étais en permission, ne ce sont pas fait prier pour
l’ouvrir comme je fais aussi bien quand un est en perm, si tu as des nouvelles
de Cyrille, donnes moi en quelques unes, ce qui me ferait plaisir.
Adolphe
est venu pour 15 jours il est chez Revol, il
ne doit pas en faire lourd, aussi lorsque je lui ai télégraphié, il m’a dit
qu’il allait partir pour France et il est encore la bas, ah le fainéant, il en
a une trouille de la guerre, c’est honteux.
J’espère
que ma lettre vous trouveras a tous en bonne santé quand à moi, ne te fais pas
du mauvais sang je suis hors de danger, les boches ont beau faire et beau
danser ils ne m’auront jamais. Tu me feras savoir si tu as reçu la boite que je
t’ai envoyé et si elle est arrivée à bon port et surtout si ça vous a fait
plaisir.
Bien
le bonjour aux gens et amis de Bir Rabalou, il
me semble qu’hier j’étais au milieu de vous autres, il faut espérer ma chère
Maman que l’année prochaine, nous te remplacerons en tout et tu n’auras qu’a te
laisser vivre. Car cette année tu souffres pour nous tous et malheureusement
qu’il y en a qui craint de profiter de la sueur que tu mets en ce moment; il y
aura des comptes à régler.
Je
termine ma lettre en t’embrassant bien fort et sans oublier les petits René, Guiguitte
ainsi que la petite de Julie et Berthe; je lui souhaite un bon anniversaire et
que Dieu la protège jusqu’à 95 ans.
Je
t’embrasse ainsi qu’a tous Guiguitte,
René et Berthe ton fils pour la vie. G Fortier.
PS
je quitte les tranchées ce soir pour me rendre à Baccarat en arrière des lignes
comme repos et de là je ne sais ou peut être du coté de la Champagne, ça va, te
fais pas du mauvais sang, pour la fin de l’année nous les aurons.
Gustave. »
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