Toujours intéressé par l’histoire, je me suis plongé sur le parcours de Cyrille et Gustave Fortier, mes 2 grands oncles. De précieux témoignages, constitués de correspondances des Fortier sur la période 1915 1918, des Journaux de marche des régiments, ont permis de redonner vie à cette période difficile. Avec 300 lettres et documents, je vais faire revivre et partager la vie des mes 2 grands oncles sur cette période. https://www.facebook.com/gustavefortier https://twitter.com/GustaveFortier
dimanche 27 décembre 2015
25 décembre 1915 : Cyrille passe son temps a écrire, ces derniers jours de décembre 1915, il écrit une dizaine de lettres, quitte a se répéter plusieurs fois sur les mêmes sujets. Il nous fait part d’histoires de famille, avec le contremaitre Eugene qui semble vouloir partir et revenir, les tensions entre Julie (grande sœur) et sa maman. Il répète qu’il préfèrerais partir au Sahara plutôt qu’au front. Il nous dit « Noel ces bien triste! »
mercredi 23 décembre 2015
«Cher frere J’ai reçu aujourd’hui 20 Xbre 1915 les 2 lettres qui qui m’ont été adressé du 12 et du 15, je te dirai que je suis toujours en bonne santée et ne te fais pas du mauvais sang pour moi car je suis petit et les balles ne veulent pas de moi et tu sais que les boches c’est des imbéciles a chaque coup qu’ils veulent faire on les rouste comme des lapins. Tant que tu es à Bône il vaut mieux barder que de venir faire l’endouille dans la boue des boyaux mais ne te fais pas du mauvais sang pour moi car les pruscots n’ont rien à faire Je t’embrase, ton frère pour la vie. Gustave Fortier»
dimanche 20 décembre 2015
20 Décembre 1915 : Cyrille remercie sa maman pour le « coufin » qu’elle lui a envoyé. Mais il est soucieux de son frère Gustave a qui cela serait plus utile. « j’ai été chercher le couffin que tu m'avait envoyer il ma fait bien plaisir mais il fallait pas de déranger comme ca c’était bon pour le pauvre Gustave non pas moi ici à l’abri je te dirait qu’il ma écrit.. » Il a obtenu une permission de 4 jours mais avec 2 jours de voyages il n’a pas accepté. « on ma donné des permissions de 4 jours et le voyage compris moi je n'en ai pas voulu car il faut 2 jours de voyages et pour 2 jours je n’en ai pas voulu.. » Il redemande pour établir un certificat pour qu’il puisse se libérer pour les semences. « si tu pourrais me faire avoir un certificat pour les semences et mettre le contenu des hectares et que tu es toute seule je crois obtenir car nous avons un bon capitaine.. » Il ne pense pas partir au front avant au moins 3 mois, nécessaire a la formation pour la Mitrailleuse. « Ils vont nous faire suivre les cours de mitrailleuse mais quand même in ni rat pas passé l’hiver au front il faut bien 3 mois et de là ils vont au dépôt a Nice finir l’apprentissage. »
dimanche 13 décembre 2015
20 décembre 1915 Cyrille évoque «de savoir que les petites bêtes marchent », des naissances de bétails ont du avoir lieu. Sa maman s’inquiète qu’il aurait été emprisonné mais «c’est des camarades qu’ils sont été les uns pour 4 jours les autres pour 8 jours » « Dimanche je suis fait photographier », très certainement la photo ci contre.
12 decembre 1915 Gustave dit à son frere Cyrille qui semble se plaindre régulièrement de ses conditions à Bône, il changera un peu de discours après les lettres de Gustave : « il vaut mieux barder au repos que de se faire casser la figure au front » « on a beau de faire barder c’est jamais comme à la guerre »
10 decembre 1915 Gustave s’empresse à chaque lettre de rassurer sa maman (même si cela ne doit pas être facile tous les jours), il parle des labours « je suis heureux que les labours marchent bien » (la même phase que Cyrille dans sa lettre du 10 décembre) Le sujet de « Mr et Mme Millet » qui pose soucis. Un mot tendre pour ses petites sœurs, il évoque cette permission tant attendue début 1916 mais « d’ici la il peut y avoir des contre ordres à chaque instants »
10 decembre 1915 Cyrille donne des nouvelles de son quotidien « Aujourd’hui vendredi nous avons été défilé voir le colonel il a été content » Le sujet d’écrire au Commandant Rodet pour obtenir les permissions pour les travaux, cela se passera bien, Cyrille auras plusieurs permissions qui lui permettront d’aider a la ferme. D’ailleurs un mot sur les labours « je suis content que les labours marchent » Et enfin un mot tendre pour ses petites sœurs Berthe et Guiguite et son petit frere René
8 decembre 1915 Gustave parle dans plusieurs lettres ainsi que Cyrille du comportement de Julie leur grande sœur marié à Adolphe Millet qui on eu en janvier 1914 une petite fille « Alice ». Adolphe semble être incorporé et a du aller en France sur le Front, Julie d’après Gustave et Cyrille ne se comporte pas correctement avec Rosalie leur Maman dans ce moment difficile ou les garçons sont partis et Rosalie malgré l’aide de Eugene (le contremaitre) ne semble pas donner suffisamment la main a la ferme. Gustave « j’ai 18 ans passé…je suis un homme… j’irais te prendre le commandement de la direction de la maison et tu pourras te reposer tu l’auras bien mérité car tu dois avoir beaucoup de travail mais grâce à la pauvre Berthe qui je pense te donne la main »
7 decembre 1915 Cyrille raconte son quotidien, il « barde » beaucoup (travaille) fait des gardes, s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles en particulier de Gustave, et demande comme Gustave a chaque lettre des nouvelles des « travaux » de la ferme (labours…) et comme souvent le vœu que «il faut espérer que la guerre finiras »
5 decembre 1915 Cyrille dit « faites pour le mieux et attention aux voleurs recommandez bien les arabes » Manifestement les risques de vols de bétails en particulier sont important, Gustave en fait état en manifestant son « savoir » pour la garde : « j’en salerais quelques uns à présent je sais garder »
24 novembre 1915 « …Bonjour aux amis et vive la classe, bientôt la paix et les boches écrasés. Lorsque j’irais en permission je paye le café aux ouvriers ne te fait pas du mauvais sang car je me débrouille toujours je serais à 2 mètres des boches et je les embête quand même ils ne me tiennent pas encore »
Lettre de Gustave a son frère Cyrille vers début novembre 1915; intéressante pour les conseils avisés d’un combattant a son grand frère, il décrit le danger dans les tranchées de se faire tuer a tout moment, en particulier par un snipper Allemand.
« Cher
frère
Je
t’écris cette lettre pour te donner de mes nouvelles, je suis toujours en bonne
santée et
je pense que ma présente te trouve de même, je suis toujours a Salon en France
et je crois que je ne suis pas près a partir car non nous fais faire du service
en campagne souvent ce qui prouve que l’endrois ou
l’on vas aller il n’y a pas de tranchées, ce ne serait pas malheureux de se
battre un peu a découvert car les tranchées tu recois des
bombes et des marmittes et
peux rien y faire.
Sur
une de tes lettres tu me demandes si c’est bon comme muletier de mitrailleurs;
demande le plutôt car c’est une meilleure embusque que Téléphoniste, ils ne
sont jamais aux tranchées et tu connais le métier a présent, on aime mieux tuer
les hommes que les mulets et toi qui serait muletier tu reste avec tes bêtes
tant que les autres vont courir avec la mitrailleuse sur le dos, tu reste
abrité derrière une montagne ou de façon a ce que les mulets ne risquent rien;
si tu peux rentrer comme muletier je te le recommande fais de suite.
Je
crois que tu dois commencer a t’y faire au métier et lorsque tu seras prêt pour
venir au feu, je ferais une demande pour aller demander volontaire car tu sais
c’est la vie que tu tien tant que tu es a Bône et moi pour le moment je la tien
aussi mais au feu on peux être tué d’un moment a l’autre.
Je
vois que le métier ne doit pas te plaire car j’ai reçu une lettre de Berthe,
elle me dit qu’on te fait barder mais que veux tu c’est le régiment qui veut
ca, quand aux tranchées il faut bien tirer et faire entention a
soi, c’est que les boches savent viser et prends garde au crénaux gros
comme un œuf de poule a 60 mètres ils y font passer la balle et si tu te trouve
en train de regarder ru es beau.
Je
pense que le commandant Rodez doit être bien avec toi si tu peux te faire
embusquer, ordonnance fais le, il ne faut pas les galons, j’ai neuf mois de
service, je ne cherche pas les sardines car il faut les payer, ca peut couter
cher, si tu peux les avoir et rester instructeur de la classe 17 c’est encore
meilleur.
Je
termine ma lettre en t’embrassant de bon cœur, ton frère.
Gustave
Fortier
Ne
fais pas de bêtises a demander volontaire, moins que tu sois embusqué »
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