dimanche 13 décembre 2015

Lettre de Gustave a son frère Cyrille vers début novembre 1915; intéressante pour les conseils avisés d’un combattant a son grand frère, il décrit le danger dans les tranchées de se faire tuer a tout moment, en particulier par un snipper Allemand.

« Cher frère
Je t’écris cette lettre pour te donner de mes nouvelles, je suis toujours en bonne santée et je pense que ma présente te trouve de même, je suis toujours a Salon en France et je crois que je ne suis pas près a partir car non nous fais faire du service en campagne souvent ce qui prouve que l’endrois ou l’on vas aller il n’y a pas de tranchées, ce ne serait pas malheureux de se battre un peu a découvert car les tranchées tu recois des bombes et des marmittes et peux rien y faire.
Sur une de tes lettres tu me demandes si c’est bon comme muletier de mitrailleurs; demande le plutôt car c’est une meilleure embusque que Téléphoniste, ils ne sont jamais aux tranchées et tu connais le métier a présent, on aime mieux tuer les hommes que les mulets et toi qui serait muletier tu reste avec tes bêtes tant que les autres vont courir avec la mitrailleuse sur le dos, tu reste abrité derrière une montagne ou de façon a ce que les mulets ne risquent rien; si tu peux rentrer comme muletier je te le recommande fais de suite.
Je crois que tu dois commencer a t’y faire au métier et lorsque tu seras prêt pour venir au feu, je ferais une demande pour aller demander volontaire car tu sais c’est la vie que tu tien tant que tu es a Bône et moi pour le moment je la tien aussi mais au feu on peux être tué d’un moment a l’autre.
Je vois que le métier ne doit pas te plaire car j’ai reçu une lettre de Berthe, elle me dit qu’on te fait barder mais que veux tu c’est le régiment qui veut ca, quand aux tranchées il faut bien tirer et faire entention a soi, c’est que les boches savent viser et prends garde au crénaux gros comme un œuf de poule a 60 mètres ils y font passer la balle et si tu te trouve en train de regarder ru es beau.
Je pense que le commandant Rodez doit être bien avec toi si tu peux te faire embusquer, ordonnance fais le, il ne faut pas les galons, j’ai neuf mois de service, je ne cherche pas les sardines car il faut les payer, ca peut couter cher, si tu peux les avoir et rester instructeur de la classe 17 c’est encore meilleur.
Je termine ma lettre en t’embrassant de bon cœur, ton frère.
Gustave Fortier

Ne fais pas de bêtises a demander volontaire, moins que tu sois embusqué »

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