« Cher
frère
Je
t’écris cette lettre pour te donner de mes nouvelles, je suis toujours en bonne
santée et
je pense que ma présente te trouve de même, je suis toujours a Salon en France
et je crois que je ne suis pas près a partir car non nous fais faire du service
en campagne souvent ce qui prouve que l’endrois ou
l’on vas aller il n’y a pas de tranchées, ce ne serait pas malheureux de se
battre un peu a découvert car les tranchées tu recois des
bombes et des marmittes et
peux rien y faire.
Sur
une de tes lettres tu me demandes si c’est bon comme muletier de mitrailleurs;
demande le plutôt car c’est une meilleure embusque que Téléphoniste, ils ne
sont jamais aux tranchées et tu connais le métier a présent, on aime mieux tuer
les hommes que les mulets et toi qui serait muletier tu reste avec tes bêtes
tant que les autres vont courir avec la mitrailleuse sur le dos, tu reste
abrité derrière une montagne ou de façon a ce que les mulets ne risquent rien;
si tu peux rentrer comme muletier je te le recommande fais de suite.
Je
crois que tu dois commencer a t’y faire au métier et lorsque tu seras prêt pour
venir au feu, je ferais une demande pour aller demander volontaire car tu sais
c’est la vie que tu tien tant que tu es a Bône et moi pour le moment je la tien
aussi mais au feu on peux être tué d’un moment a l’autre.
Je
vois que le métier ne doit pas te plaire car j’ai reçu une lettre de Berthe,
elle me dit qu’on te fait barder mais que veux tu c’est le régiment qui veut
ca, quand aux tranchées il faut bien tirer et faire entention a
soi, c’est que les boches savent viser et prends garde au crénaux gros
comme un œuf de poule a 60 mètres ils y font passer la balle et si tu te trouve
en train de regarder ru es beau.
Je
pense que le commandant Rodez doit être bien avec toi si tu peux te faire
embusquer, ordonnance fais le, il ne faut pas les galons, j’ai neuf mois de
service, je ne cherche pas les sardines car il faut les payer, ca peut couter
cher, si tu peux les avoir et rester instructeur de la classe 17 c’est encore
meilleur.
Je
termine ma lettre en t’embrassant de bon cœur, ton frère.
Gustave
Fortier
Ne
fais pas de bêtises a demander volontaire, moins que tu sois embusqué »
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