lundi 17 octobre 2016

Gustave aimerait bien que les objets ramassés au front arrivent bien en Algérie : "...Sitôt que tu auras reçu la caisse contenant les casques, tu me le feras savoir car j’ai peur que ça se perde, ça me ferais plus de peine que si on me coupait la main car je les ai ramassé sur le champ de bataille en faisant l’assaut à la Baïonnette..".

« Rosendael le 17 - 10 – 16
Bien chère Maman
Je viens à l’instant de recevoir la lettre recommandée avec les 20F qu’elle contenait et qui m’ont fait bien plaisir car je devais 5F au fils Boineau et jusqu’à présent je ne pouvais lui rendre.
Je suis à l’hôpital ne te fait pas du mauvais sang car je suis que pour la diarhée et maintenant ça va beaucoup mieux et j’espère vers la fin du mois avoir une convalescence de 7 à 8 jours, le colis que je t’ai envoyé j’ai dit que s’il t’arrivait, je donnerais un double de blé à Ben Amou et si je vais en permission je lui porterais moi-même à Sidi Aissa car je ne tiendrais pas a ce qu’il se perde, des souvenirs comme ça on en trouve pas tous les jours.
Je suis heureux que M Alian a commencé a faire la démarche pour que je puisse retourner au dépôt à Blida car j’ai fais ma part j’ai gagné la crois de guerre avec deux étoiles, j’en ai assez.
Puisque Cyrille est prisonnier, je n’ai plus besoin de rester au front, je ne peut pas le venger ni le délivrer alors je n’ai qu’a rallier mon dépôt, mon devoir est fini. S’il n’écrit pas c’est que comme punition j’ai vu sur le journal que les Allemands interdisaient aux prisonniers d’écrire parce qu’on mettait les leur en Algérie et au Maroc et lui étant Tirailleurs qui souvent on leur donne du fil a retordre alors ils suppriment les correspondances.
Je suis content que Messieurs Manot et Girerd demande après moi, je vois que malgré que je me suis engagé les gens du pays ne m’oublient pas et dans quelques jours j’espère que je serais auprès de toi pour passer une huitaine de jours.
Sitôt que tu auras reçu la caisse contenant les casques, tu me le feras savoir car j’ai peur que ça se perde, ça me ferais plus de peine que si on me coupait la main car je les ai ramassé sur le champ de bataille en faisant l’assaut à la Baïonnette.
Pour le moment je termine ma lettre, je ne vois plus grand-chose à te dire.
Je t’embrasse bien fort ainsi qu’a tous, ton fils qui t’adore.
Gustave Fortier
1er tirailleur Hôpital N°33 bis Salle 15 Rosendael
Bonjour aux amis »

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