« Ma
chère Maman
Je
viens de recevoir ta lettre datée du 11 courant
qu’elle m’a fait bien plaisir de vous savoir
toujours en bonne santé, et moi j’en suit
de même, je me porte toujours en parfaite santé
et j’espère que ma lettre vous trouve à toute la famille de même. Car moi je
suis dans la Meuse et à cinq kms des Boches et maintenant j’entend bombarder
les marmites et pendant le repos l’on nous fait arranger une route et j’ai vu
déjà des marmites tomber et de temps en temps ils ont envoyés des marmites et l’on
voit tous les jours des aéroplanes, même des boches mais ça m’a fait absolument
rien, je croyais que ça allait me faire plus peur que cela mais maintenant j’en
ai pris l’habitude, l’on dirait que l’on est au 14 juillet à la fête.
Enfin chère maman, ne te fais pas du mauvais pour moi car il faut prendre le
temps comme il vient, mais j’ai vu des anciens qu’ils avaient été déjà au front
et qu’ils sont plus peureux que moi, je suis très content de cette lettre datée
du 16 courant pour te faire savoir de mes nouvelles et comme vous avez du
comprendre en
écrivant au savon et tu mouillera mes lettres, il fait que tu verras tout et tu
m’écrira aussi de même car ils ne veulent que l’on dise rien ou l’on est et les
lettres que tu les verra toutes blanche, ce sera ça.
Enfin
chère maman tu me dis que Maziere ne
veut pas acheter du crin et alors tu dois être bien embêtée mais je lui écrit
aussi en même temps qu’a toi et tu me dis que Eugene voulait partir, mais
qu’est ce qui lui prends encore, peut être qu’on lui monte la tète mais tu as
bien fait de lui donner cinq francs de plus, ce n’est pas une affaire mais pour
le moment il faut prendre patience pour tout. Mais enfin chère maman je crois
que tu ne dois pas te faire de mauvais sang et surtout de te soigner. Il faut
espérer que Dieu nous laissera pas mais je pense que les arabes ne doivent pas
te faire de mauvais sang et qu’ils
doivent écouter, hier j’ai écrit à Eugene mais je ne savais pas qu’il voulait
partir car tu peux lui dire que je lui avait envoyé une lettre non pas une
carte. Car tu lui diras si je suis un peu tranquille, c’est que je vais lui
écrire quelques mots. Enfin chère maman je ne vois plus grand-chose à te dire
pour le moment en attendant de monter aux tranchées, on monte demain soir dans
la nuit pour douze jours et l’on dit que après l’on doit
aller au mois au repos a cause du carême des
indigènes, en ce moment je t’écrit au son des
marmites. Donne bien le bonjour chez Julo et
aux amis sans oublier Eugene, Naoui et Siladi et
Messaoud et les autres arabes.
Embrasse
bien fort mon petit René, ma Guiguitte et
Berthe, Julie et la petite Alice qu’elle
doit commencer à parler.
Reçois
chère maman, mes meilleures grosses caresses
de ton fils Cyrille Fortier.
3eme
Tirailleur de marche
2eme
compagnie de Mitrailleuse. SP 132 »
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