dimanche 12 juin 2016

LORSQUE JIRAI EN PERMISSION TU VERRA SUR LA POITRINE DE TON FILS BRILLER CETTE CROIX Lettre de Gustave à sa maman du 13 juin 1916

« Central téléphonique Village Negre; Le 13 juin 1916
Ma chère Maman
Je suis toujours en bonne santé et j’espère que ma présente te trouve de même ainsi que toute la famille. Il est 2H45 du matin et je suis de garde au central, c’est mon poste malgré que j’aimerais mieux être dans un Bataillon car il y a moins de travail mais je ne suis pas mal, je fais mon travail seul et personne ne m’ennuie, j’ai douze lignes à assurer et la nuit il y a pas beaucoup de communications. Dehors il pleut à torrent et moi je suis dans mon poste tout peinard et j’ai l’éclairage électrique s’il vous plait et à 800m des Boches, enfin je suis comme un petit employé civil et quand j’irai en permission je pourrai aider Gourdon dans son travail, car ça me connait aussi bien le morse que le téléphone mais j’attend toujours que monsieur Guillaume se décide à me dire le jour ou il en aura assez, ah si je pouvais lui causer à ce chameau ou bien si je l’avais seulement dans les mains avec un nerf de bœuf parce que j’aurais peur de me faire mal aux mains en frappant sur cette charogne. Je ne te demande pas des renseignements de la maison car je sais que tout dois bien marcher pour le mieux et Eugene ainsi que Messaoud doivent
te donner la main et j’attend toujours cette malheureuse permission pour pouvoir les féliciter de leur bon travail s’ils le méritent, mais ça va vite et c’est long patience on arrive a tout. Le jardin doit être noyé par les orages qu’il a fait, si je reste dans ce secteur je ne m’en fait pas sur la durée de la guerre car les fantassins qui étaient avant nous ne taquinaient pas les Boches et c’est pour ça que nous sommes tranquille, il faut un peu ça car les secteurs avant n’étaient guère gais. Ce qui m’a valu une citation, j’en suis heureux. Si Cyrille pouvait seulement me rejoindre ici, je tacherais qu’il vienne avec moi, je pourrais alors lui apprendre ce que c’est la guerre. Pourvu que je termine ce qui me reste à faire comme ce que j’ai passé, j’en serais content, voila un an et demi de fait dont je les ai pas vu passer, je me débrouille toujours.
Ne te fais pas de mauvais sang car c’est la guerre, cette fois ci je te fais une grande lettre parce que j’ai que ça a faire et surtout les sonneries me laissent tranquille, je suis content qu’ils me fichent un peu la paix.
Sur une de tes lettres tu me disais d’écrire à monsieur Casalta mais il me répond que quand il y pense.
Je termine ma chère maman; embrasse bien tous
pour moi, ton fils qui t’embrasse bien fort.
Gustave Fortier
LORSQUE JIRAI EN PERMISSION TU VERRA SUR
LA POITRINE DE TON FILS BRILLER CETTE CROIX »


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