Lettre de Cyrille à sa maman du 30
juin 1916
« Le
30/6/16
Ma
chère Maman
Je
m’empresse de t’écrire ces deux mots pour
te faire savoir toujours de mes bonnes
nouvelles que je me porte toujours bien et j’espère que ma lettre vous
trouve à toute la famille de même, car
ici aux tranchées l’on ne peut pas écrire
comme l’on veut car l’on travaille a
faire des abris et l’on barde. Et en
plus toujours
de l’eau, de la boue jusqu’au genoux,
je te promet que ce n’est pas amusant mais
enfin chère maman il faut de
la patience pour tout, car voila déjà 6
jours que l’on est aux tranchées mais l’on
est pas trop mal, ce qu’il y a d’embêtant
c’est la pluie mais il faut espérer
que ca va bien s’arrêter, chère maman
j’ai reçu une lettre de Gustave datée
du 20 courant, me disant qu’il partait
demain en permission donc le
21
courant, enfin je pense qu’il doit être à
la maison en ce moment.
Je
suis très content qu’il soit auprès de toute la famille mais ce n’est que pour
6 jours mais que veux tu, il faut bien se contenter avec ce qu’ils donnent, car
le pauvre il doit être fatigué depuis si longtemps, chère maman, j’ai reçue la
gentille carte que Eugene m’a envoyé mais comme je n’ai pas le temps d’écrire
tu le remerciera beaucoup et lorsque je descendrais au repos je lui écrirais.
Je
pense que tu as du recevoir assez de mes nouvelles car avant de monter aux
tranchées, je t’ai écrit assez souvent.
Je
suis très content que le petit homme à fait sa première communion comme nous
tous. Enfin chère maman si toutefois Gustave est à la maison tu lui diras que
je suis comme tireur à la mitrailleuse et ne ce moment nous
sommes à Vaucourt dans
la Meuse (en
réalité « Avocourt ») avec
une carte tu dois voir ou c’est, mais l’on est pas mal pour le moment. Enfin
chère maman je pense que tout doit marcher toujours assez bien et surtout ne te
fais pas de mauvais sang et de te soigner, je ne vois plus grand-chose à te
dire pour le moment en attendant de
descendre au repos pour t’écrire un peu plus souvent. Embrasse bien fort ma Guiguitte,
René, Berthe, Julie ainsi que la petite Alice et si ma lettre trouve Gustave à
la maison, car j’aurais bien voulu le voir, si j’aurais été à Aix j’aurais pu
le voir en passant mais enfin il faut espérer que cette maudite Guerre ne vas
pas durer longtemps. Reçois chère maman mes
meilleures
caresses
de ton fils qu’il pense
qu’a
la
famille. Cyrille Fortier.
Un
bonjour à Eugene ainsi qu’aux arabes et aux
amis.
Ne
fait pas attention à mon écriture car l’on n’a pas
beaucoup de place pour écrire, a la fois il
pleut toujours. »
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