La
correspondance pendant la grande guerre :
Pendant toute la durée de la
Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de lettres et cartes
postales circulent quotidiennement du front à l'arrière, et inversement. De
fait, le papier et l'encre constituent pour les millions de soldats et familles
le seul lien fragile qui les unit encore en ces temps désastreux. Un phénomène
dont s'empare rapidement la censure pour qui cette correspondance présente un
danger certain.
La
correspondance en temps de guerre, surveillée et censurée
Le phénomène étant ce qu'il est, la
censure s'empresse de s'emparer de cette correspondance, et dans toutes les
armées en guerre, des systèmes visant à limiter la diffusion d'idées hostiles
ou d'indiscrétions sont mis en place. En France, dès le 26 janvier 1915, le
Grand quartier général institue des visites d'officiers dans les bureaux de la
Trésorerie et des Postes pour vérifier que les hommes n'enfreignent pas les
interdictions qui leur ont été faites. Celles-ci
se résument à l'interdiction de : préciser ses positions, au risque d'informer
l'ennemi, de transmettre des idées pacifiques ou de dévoiler les conditions de
vie des poilus.
La censure garantit ainsi les
valeurs prônées par les hautes sphères: nationalisme, patriotisme et héroïsme.
Pour ce faire, à partir de 1916, chaque régiment est contrôlé au moins une fois
par mois et ce à raison de 500 lettres minimum, soit près de 180 000 lettres
ouvertes chaque semaine. La Grande-Bretagne pousse même le vice jusqu'à la
diffusion de cartes pré-remplies sur lesquelles les soldats peuvent cocher les
cases correspondant à un minimum d'informations élémentaires (la santé, la
météo) et apposer leur signature.
«
Chers parents
J’ai
reçu vos lettres, celle de maman, de Julie et de Berthe qui m’ont fait bien
plaisir de vous savoir en bonne santé et en même temps la carte d’Eugene qui
m’a fait voir qu’on ne m’oublie pas, je pense que Cyrille ne doit pas être
parti encore mais constant et Edouard doivent être parti et Marcel aussi, tout
les jours je revoi mon
ancienne tenue de marins parce qu’il y en a pas ici.
Je
pense qu’après la guerre je serai libéré et rappeler après mais si Dieu veut
que je revienne, je demanderai un surcis
jusqu’à ce que Cyrille ai fini son temps et après je referai ce qui me resteras
à faire, j’ai 15 jours de repos parceque les
zouaves ont été remplacés par les coloniaux et alors voila aujourd’hui 8 jours
que j’ai de repos et 8 autres ça me fait 15 jours que je n’entends pas les marmittes , ni
les balles siffler.
Si
tu écris à Louis donne lui bien le bonjour de ma part et à Henriette aussi je
leur ai écri il y
a quelques jours, ils ne m’ont pas répondu.
Je
suis avec le jeune homme que Cyrille a vu et qu’il disait que son père aller
renvoyer les ouvriers et avec un réserviste d’Oran un brave homme aussi, le
fils Boineau m’a
donné ce qu’il m’appartenait, 3 flanelles, 4 paires de chaussettes et la boite
en bois, du chocolat et des bonbons, le papier à lettre. Il m’a dit qu’il avait
un paquet aussi qu’il a donné à un sergent et le sergent ne lui a pas donné, je
voudrais que vous me disiez ce qu’il y avait dans ce paquet.
Je
fini ma lettre en vous embrassant à tous.
Gustave
Fortier »